L’ONG Plan International a dévoilé son baromètre sur les violences sexistes et sexuelles à l’école en France. Le constat est sans appel : le sexisme se niche partout et l’école ne fait pas exception.
Menée par OpinionWay, l’étude de l‘ONG Plan International dévoilée le 25 janvier s’est déroulée entre le 8 et le 17 décembre 2023. A cette occasion, 1039 filles et jeunes femmes de 13 à 25 ans ont répondu à un questionnaire en ligne de six questions, à choix simple ou multiple.
Mais les résultats sont effarants. Parmi les interviewées, 53% déclarent avoir été victimes de sexisme ou d’en avoir été témoins au cours de leur scolarité. Et trois sur dix ont été victimes de harcèlement sexuel (28%) ou d’agressions sexuelles – dont viol (25%).
ONG engagée pour les droits des enfants et en particulier des filles, Plan International veut visibiliser ces violences à l’école : « L’éducation est l’un des leviers les plus puissants qui permettent aux enfants et aux jeunes d’accéder à leurs droits : il est donc particulièrement important que l’école soit un lieu sûr où les élèves ne risquent pas de subir des violences.»
D’après l’étude encore, « près d’1 jeune femme sur 3 a déjà eu peur d’être victime de violences sexistes et sexuelles (VSS) à l’école (30%) et 5% d’entre elles déclarent à avoir déjà évité de se rendre en classe à cause de VSS dans leur établissement scolaire.» De telles craintes de subir des violences sexistes et sexuelles sont un véritable frein dans leur scolarité.
Des agressions majoritairement le fait d’hommes ou de garçons
Concernant le profil des agresseur·es, 92% d’entre elles et d’entre eux sont des jeunes (34% plus âgé·es que les victimes et 68% du même âge). Côté adultes, ils sont 9%. Et le rapport est sans équivoque : ils sont en majorité des hommes ou des garçons (83%). Un autre point est à souligner, celui de l’effet de groupe. Si 43% des auteur·ices agissent seul•es, 61% agissent en groupe.
Le cyberharcèlement, autre fléau des violences à l’école
Autres chiffres préoccupants : ceux du cyberharcèlement. Les VSS ne s’arrêtent pas aux portes de l’école. Pire. Les réseaux sociaux ne font qu’amplifier ces violences. Le rapport indique en effet que « 66% des victimes de cyberharcèlement déclarent avoir également été victimes de VSS dans leur établissement scolaire.» Et une fois de plus, les jeunes filles modifient leur comportement afin de ne pas subir ce type de violences : « Plus d’1 jeune femme sur 10 âgée de 13 à 25 ans déclare avoir réduit sa présence voire arrêté de se rendre sur les réseaux sociaux à cause de cyberharcèlement (12%).»
Une confiance minime en l’école pour prévenir et accompagner
Une des questions du formulaire visait à savoir si l’établissement scolaire avait recueilli la parole et les témoignages des victimes. Seules 33% des jeunes femmes interrogées considèrent que l’école les accompagne suffisamment face à des VSS et 31% pour des cas de cyberharcèlement.
Des chiffres loin d’être suffisants en termes de confiance et qui expliquent en partie que « les victimes se confient en priorité à leurs parents (45%) et leurs ami·es (35%) ». Mais beaucoup n’osent toujours pas parler. Parmi elles, 35% de victimes de VSS et 26% victimes de cyberharcèlement reconnaissent n’en avoir jamais parlé à personne.
Violences à l’école et éducation à la sexualité
Ces résultats interrogent. Et notamment sur les moyens mis en place dans les établissements scolaires pour prévenir ces violences, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles.
Rappelons qu’en matière d’éducation à la sexualité, la France fait figure de mauvaise élève. Obligatoires depuis 20 ans, ces cours sont rarement dispensés et très contestés par l’extrême droite. Ils sont pourtant indispensables pour protéger les filles des violences sexuelles. Dans un rapport sur la pornocriminalité, le HCE écrivait que ces séances « contribuent à l’apprentissage du respect dû au corps humain et sensibilisent aux violences sexistes ou sexuelles ainsi qu’aux mutilations sexuelles féminines » (Lire : LES COURS D’ÉDUCATION À LA SEXUALITÉ EN DANGER).
En novembre dernier, un livre blanc « pour une véritable éducation à la sexualité » avait été présenté au Sénat (lire : EDUCATION À LA SEXUALITÉ : UN LIVRE BLANC FACE À L’EXTRÊME DROITE) mais aucun·e ministre n’y avait assisté… Les associations féministes à l’origine de ce document ont une fois de plus souligné l’importance de ces cours pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
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