Dénoncée à plusieurs reprises, la pratique qui consiste à réduire la taille du vagin après épisiotomie pour le plaisir du mari serait « dans la tête des femmes » selon le président du syndicat des gynécologues.
Depuis qu’Isabelle Alonso a publié sur son site le texte de la sage-femme et écrivaine Agnes Ledig, la pratique du « point du mari » par certains gynécologues est à nouveau dénoncée. De quoi s’agit-il ? « Techniquement, il consiste, lors de la suture d‘un périnée déchiré, ou d‘une épisiotomie, à faire un dernier point supplémentaire pour resserrer l‘entrée du vagin, et permettre, lors de l‘intromission de Monsieur, un plaisir accentué. Pour lui », explique Agnes Ledig. La femme qui vient d’accoucher est forcément fragile, a forcément les idées ailleurs. « Alors, comment peut-on, statut de médecin sur les épaules, une pince et un fil de suture dans les mains, installé entre les jambes d‘une femme vulnérable, se permettre de penser au plaisir sexuel masculin ultérieur, au risque de gâcher sa sexualité à elle ? »
Atavisme
Comment ? En écrivant l’histoire autrement. Après plusieurs articles de presse et billets de blogs ajoutant des témoignages et s’insurgeant contre cette pratique, Le Monde a demandé son avis à Jean Marty, président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof). Et la réponse de ce représentant des gynécologues est aussi hallucinante que « le point du mari » lui-même. S’il ne nie pas la pratique, il dénonce une posture victimaire de femmes qui « veulent susciter l’intérêt », sont traumatisées par l’épisiotomie et n’auraient pas été épanouies dans leur sexualité avec ou sans « point du mari ». Il convoque même Brassens et sa chanson « Quatre-vingt-quinze pour cent » à mauvais escient, pour illustrer son point de vue.
C’est donc ainsi que le représentant des soigneurs de « l’appareil génital » des femmes voit son métier. Celles qui se plaignent jouent les victimes… On aurait pu s’attendre à le voir se muer en justicier au grand cœur, dire que, même si ce genre d’acte est minoritaire, s’il est pratiqué une seule fois, c’est une fois de trop, promettre de faire le ménage dans la profession… Mais non.
Quelques semaines plus tôt, le sexologue Yves Ferroul, dénonçait dans un billet le fait que des « médecins maltraitent encore le corps féminin ». Il rappelait comment on « curetait les femmes à vif, sans anesthésie » lors des avortements bien avant la loi sur l’IVG pour qu’elles ne recommencent pas. Dénier la parole, le désir, les souffrances des femmes n’appartient donc pas au passé.
Anne-Cécile Mailfert, porte-parole d’Osez le féminisme dénonce le représentant des gynécologues et demande à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé de faire en sorte que toute la lumière soit faite sur ces pratiques…. Et les témoignages continuent d’affluer.