Un policier a été immédiatement suspendu après avoir laissé par mégarde des insultes sur le répondeur d’une plaignante. Un autre policier, auteur d’un féminicide, est toujours en fuite.
«Propos inadmissibles à l’égard d’une plaignante victime de violences sexuelles : le préfet a saisi l’IGPN et a demandé la suspension du policier » : le communiqué de la préfecture de Paris n’a pas tardé à tomber cette fois-ci. Mediapart venait de révéler et mettre en ligne un message laissé -manifestement involontairement- par un policier sur le répondeur d’une femme venue porter plainte pour agression sexuelle dans le commissariat des 5e et 6e arrondissements de Paris.
Le policier l’insulte à plusieurs reprises. Il la qualifie de « pute » et poursuit dans un langage fleuri : « Putain, elle refuse la confront’ en plus, la pute. En fait c’était juste pour lui casser les couilles. »
🔴 Dans cet extrait d'un enregistrement accablant que s'est procuré @Mediapart, on entend un policier insulter plusieurs fois une femme venue porter plainte pour #AgressionSexuelle.
L'intégralité est à écouter ici 👉 https://t.co/uQdgFiMimU. Attention les propos sont choquants. pic.twitter.com/mi5lcBmArb
— Mediapart Vidéos (@MediapartVideos) February 15, 2022
Mediapart raconte que la plaignante dit avoir subi des attouchements. Elle affirme avoir été écoutée au commissariat même si elle a semblé surprise par une question d’un policier sur sa tenue vestimentaire.
Plus tard, elle reçoit un appel du commissariat. Le policier qui laisse le message n’est pas celui qui a recueilli sa plainte. Il lui demande de le rappeler au plus vite. « J’aurais besoin de vous réentendre sur les faits » dit-il. Puis, croyant avoir raccroché, il s’adresse à ses collègues et enchaîne les insultes.
Après avoir entendu ce message, la plaignante se rend au commissariat où une policière promet de rendre compte des faits à sa hiérarchie. La plaignante fait également un signalement sur le site de l’IGPN et porte plainte pour injure.
La préfecture de police a donc demandé la suspension à titre conservatoire du fonctionnaire. Ce sera ensuite au parquet de Paris de qualifier les faits et de décider si une réponse pénale doit être donnée.
Cette affaire sort dans un contexte toujours tendu entre la police et les associations de soutien aux victimes de violences sexistes et sexuelles.
Le 28 janvier, la compagne d’un policier était retrouvée morte dans son appartement du 19ème arrondissement à Paris. Ce policier avait déjà commis des violences conjugales et suivi un stage de sensibilisation aux violences conjugales. Il est en fuite depuis mais il a fallu attendre 13 jours pour que la préfecture de police lance l’appel à témoins précisant que « le suspect est en possession de son arme de service »… Un délai qui suscite beaucoup d’incompréhensions.
Le traitement des violences conjugales par la police semble s’améliorer depuis que plusieurs associations parviennent à médiatiser leurs études sur l’accueil des victimes de violences sexuelles et le traitement des féminicides, mais il reste encore beaucoup à faire.
Lire aussi dans Les Nouvelles News
LES PLAINTES POUR VIOLENCES SEXUELLES ENCORE MAL ACCUEILLIES
CONTRE LA VIOLENCE MISOGYNE, DES RÉACTIONS POUSSIVES
VIOLENCES CONJUGALES : « 100 % DES PLAINTES » DOIVENT ÊTRE TRAITÉES