Appels à la grève générale, blocage de routes, manifestations géantes… les militant.es se disent « en guerre » face à un gouvernement qui veut encore restreindre l’IVG.
Depuis jeudi 22 octobre en Pologne, des dizaines de milliers de personnes manifestent chaque jour dans tout le pays pour défendre le droit à l’avortement. Et ce mercredi 28 octobre, un appel à la grève générale a été lancé pour bloquer le pays et amplifier la contestation.
Le mouvement est né lorsqu’une décision du Tribunal constitutionnel a proscrit l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) en cas de malformation grave du fœtus. Ce serait, selon les juges, « incompatible » avec la Constitution. Ce verdict a ouvert la voie à un durcissement de la loi, souhaité par le parti ultra-catholique nationaliste au pouvoir, Droit et Justice (PiS). L’IVG serait désormis limitée aux seuls cas de danger de mort pour la femme enceinte et de grossesses résultant d’un viol ou d’un inceste. La Pologne avait déjà l’une des législations les plus restrictives en Europe.
Pour Krystyna Kacpura, directrice de la Fédération pour les femmes et le planning familial, cette décision « c’est l’interdiction totale de l’avortement en Pologne, car 98 % des IVG légales en Pologne concernent les malformations du fœtus » rapporte l’AFP. Et la Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, a dénoncé dans un communiqué une « violation des droits humains ».
Sur les réseaux sociaux, le mouvement « Strajk Kobiet » (la grève des femmes) organise la mobilisation. Et chaque jour les manifestations prennent de l’ampleur avec des éclairs rouges, devenus symbole de cette colère. Les manifestations ne se limitent pas aux grandes villes. A la campagne, au nord du pays, des agriculteurs ont fait défiler une dizaine de tracteurs en soutien aux manifestant.es. Dimanche, les églises étaient visées, des messes interrompues. Les ultra-conservateurs au pouvoir s’attaquant à l’IVG pour complaire aux influents évêques de l’Église catholique qui leur apporte un soutien électoral déterminant. Sur les pancartes des manifestant.es des slogans comme « Pologne laïque, pas catholique », « Occupez-vous du corps du Christ », ou « C’est la guerre ».
"Nous en avons assez!", "Barbares!" : des manifestants ont visé des églises catholiques à travers la #Pologne dimanche, au quatrième jour d'une révolte contre une interdiction quasi-totale de l'avortement dans ce pays de l'Union européenne #AFP pic.twitter.com/f4j2dvR4Nb
— Agence France-Presse (@afpfr) October 25, 2020
Des parlementaires ont même suspendu 119 cintres avec des photos des signataires de la décision du Tribunal constitutionnel contre l’IVG.
À Paris, un rassemblement de soutien aux femmes polonaises a eu lieu le 25 octobre dernier.
Le gouvernement polonais ne recule pas. Le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, a qualifié mardi les manifestations d’ « actes d’agressions et de barbarie ».
Après l’appel à la grève générale de ce mercredi, Strajk Kobiet appelle les manifestant.es du pays à se rejoindre à Varsovie pour une grande marche, vendredi 30 octobre.
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