Dans la fonction publique, la filière numérique est celle qui compte le moins de femmes. Pour les attirer et les pousser vers les postes de direction, la direction interministérielle du numérique organise la troisième édition du programme d’accompagnement ADA.
Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 22 août. Cette année encore, 24 agentes de l’État dans les métiers du numérique pourront participer au programme d’Accompagnement au Développement professionnel des Agentes du numérique de l’État (ADA). Ce programme qui porte le nom de la première programmeuse informatique, Ada Lovelace, vise à accompagner les agentes du secteur public dans l’évolution de leurs carrières. Pendant six mois, les 24 agentes seront accompagnées par des coachs lors de séances individuelles et collectives. Un projet organisé par la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM) qui démarre cette année sa troisième édition.
La féminisation de la haute fonction publique en progrès, mais pas dans le numérique
Depuis l’approbation de la loi Sauvadet, la féminisation de la haute fonction publique avance. Cette loi, adoptée en 2012, imposait la nomination de femmes dans les emplois de direction. Des quotas concernant les primo-nominations seulement, ont progressivement permis d’augmenter le nombre de femmes à des postes de responsabilité chez les fonctionnaires. Mais aujourd’hui encore, les femmes restent minoritaires aux postes de direction, alors même qu’elles constituent 63 % des effectifs de la fonction publique.
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Et les pires chiffres sont observés dans la filière numérique : les femmes n’y représentent que 25 % des effectifs, selon Alliancy et sont moins de 15 % dans les fonctions techniques. Cornelia Findeisen, cheffe du département ressources humaines de la filière numérique de l’État, estime que « les femmes dirigeantes osent moins se mettre en avant ». Leur faible présence dans les postes de direction serait alors largement expliquée par un sentiment de « solitude » et de manque de confiance en elles.
Un programme d’accompagnement pour compléter le système de quotas
Afin de dépasser ce phénomène d’autocensure et ainsi féminiser la haute fonction publique, des programmes comme « Talentueuses » ou « ADA » ont été mis en place. ADA réservé aux agentes de catégorie A ou A+ de la filière du numérique bénéficiant du soutien de leur hiérarchie et disposant d’un projet d’évolution professionnelle, vise à « donner à davantage de femmes les moyens de progresser, s’affirmer et évoluer dans un secteur encore très masculin ». Les participantes doivent par ailleurs confirmer vouloir s’engager au sein de la « communauté d’ambassadrices ADA » une fois le programme terminé.
L’ADA propose un projet d’accompagnement complet sur six mois : les participantes bénéficient mensuellement d’une journée de coaching collectif en présentiel, mais également de deux coachings individuels en visioconférence répartis sur la période. Leurs coachs sont des agentes certifiées de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP), « conscientes des enjeux du numérique et de l’environnement que représente la fonction publique ». Prévu pour 12 participantes lors de sa première édition en 2023, le programme ADA en réunit désormais 24.
Et ses résultats semblent probants. Selon la direction interministérielle du numérique (DINUM), la promotion de 2023 accordait au programme une note de 9,5/10 : 100 % des participantes sont restées en contact avec d’autres membres du programme et ont constaté « un changement positif dans leur posture professionnelle », et 71 % affirment avoir pris de nouvelles responsabilités ou reçu une proposition d’évolution dans leur carrière une fois le programme terminé.
L’ADA s’organise à travers trois axes : « confiance en soi et assertivité », « développement de carrière et projet professionnel », ainsi que « négociation et prise de décision ». En dehors des séances de coaching, le programme encourage par d’autres activités la création d’une dynamique de réseau entre les participantes, dans le but de construire une communauté d’ambassadrices solide et utile. « Le programme ADA est une véritable opportunité de rencontre et d’échange entre femmes de tous âges et de tous horizons ministériels », affirme Caroline Étienne, ingénieure en recherche et développement au sein de la Direction générale de l’armement et participante au programme en 2024.
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