Les candidat.es à l’élection présidentielle prévoient quelques mesures féministes dans leurs programmes… Trois élèves de SciencesPo les ont analysées.
« Quelle place accordent les candidates et les candidats à l’égalité entre les femmes et les hommes dans leurs programmes à l’élection présidentielle de 2022 ? » C’est la question analysée par trois étudiant.es du Certificat égalité femmes-hommes et politiques publiques de l’École d’affaires publiques de Sciences Po, Coline Baralon, Louise Besnard et Mickael Raggi sous la direction de la politiste Réjane Senac, en partenariat avec LesNouvellesNews.fr
Avant d’examiner les programmes des candidat.es, les étudiant.es ont pris en compte le travail colossal d’associations et mouvements engagés pour l’égalité entre femmes et hommes qui ont élaboré, à la lumière de leur expérience, des pactes, des recommandations, des listes de propositions… (voir plus bas). Le rapport permet ainsi de faire un point sur les enjeux d’une politique féministe.
Message reçu par les candidat.es ? Pas vraiment. Si certains sujets sont abordés rapidement, d’autres font l’objet d’un silence assourdissant. Quatre sujets, pourtant très fortement mis en avant par les organisations féministes, sont complètement ignorés. Et ce sont des sujets de fond, des sujets de longue haleine qui nécessitent quelques moyens et une détermination sans faille pour mettre au tapis le système patriarcal. Le rapport des étudiantes de SciencesPo les liste ainsi : « la lutte contre les stéréotypes sexistes dans l’orientation professionnelle, la lutte contre le sexisme dans les représentations audiovisuelles/médiatiques, les engagements internationaux dans le cadre d’une diplomatie féministe, et enfin les enjeux d’égalité dans le milieu sportif ». Quatre éléments essentiels du combat culturel contre le sexisme ambiant.
La plupart des candidat.es reprennent trois thèmes qui ont été « au cœur du débat public pendant le quinquennat 2017-2022 : la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS), la revalorisation des emplois à prédominance féminine et le fonctionnement du système de retraite »
Sur le premier thème, le travail de sensibilisation des associations n’aura pas été vain. Tous les programmes prévoient de s’attaquer aux VSS. Les associations féministes ont évalué à 1 milliard d’euros le budget nécessaire à la lutte contre les VSS, « cette proposition se retrouve dans les programmes des candidat·es Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Yannick Jadot » note le rapport. A droite, ce sont les mesures punitives qui sont évoquées : bracelet anti-rapprochement, peines plancher, avec un zèle xénophobe tout particulier pour les candidats d’extrême droite qui veulent expulser tous les criminels et délinquants sexuels étrangers. A gauche, les candidat.es veulent plutôt « former l’ensemble des professionnel·les au contact des victimes de violences conjugales et/ou d’autres formes de violences sexistes et sexuelles.»
Sur la question de l’égalité salariale, les candidat.es de gauche font des propositions concrètes de sanction des entreprises contrevenantes. Les candidat.es de droite prônent plutôt de nouvelles concertations… Et, encore plus à droite, ils jouent le déni, comme Éric Zemmour, qui estime aussi que les inégalités sont « en train d’être résolues ».
Sur la revalorisation des métiers majoritairement exercés par des femmes, les candidat.es avancent en ordre dispersé parlant de branches de métiers sans souligner la dimension genrée des écarts de salaire. Seuls « Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot mentionnent expressément que ces branches sont féminisées, et que c’est à ce titre qu’elles font l’objet d’une proposition. »
Pour permettre aux parents de concilier vie professionnelle et vie parentale, les candidats s’avancent sur les modes de garde. Jean-Luc Mélenchon promet d’ouvrir 500 000 places de crèche et de modes de garde en cinq ans. Emmanuel Macron veut garantir solution de garde pour tous les parents d’enfant de moins de 3 ans sans plus de précision. Entre les deux, toute une gamme de chiffres de places en crèche s’égrène dans les programmes.
Sur la fiscalité et la question du quotient conjugal dont la suppression est demandée depuis très longtemps pas les associations féministes, deux candidats se positionnent en faveur de cette mesure : « Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot. Au contraire, Emmanuel Macron propose de « permettre à tous les couples vivant ensemble de réduire leurs impôts comme s’ils étaient mariés ou pacsés », c’est-à-dire d’étendre aux couples concubins le dispositif du quotient conjugal. » Valérie Pécresse s’est exprimée aussi sur la question des pensions alimentaire qu’elle souhaite tout simplement défiscaliser (Lire aussi HARCÈLEMENT, PENSIONS ALIMENTAIRES : VALÉRIE PÉCRESSE EN MODE FÉMINISTE).
La plupart des candidat·es se disent favorables à la déconjugalisation de l’Allocation Adulte Handicapé… Mais cette mesure avait été bloquée par le gouvernement il y a quelques mois (voir : LE GOUVERNEMENT FAIT BARRAGE À LA DÉCONJUGALISATION DE L’AAH).
Et pour finir, sur les retraites, les candidat.es parlent de minimum mais pas de politique générale devant contrer les fortes inégalités qui sont la résultante d’inégalités tout au long de la vie. Des inégalités qui pourraient être corrigées si les candidat·es ne zappaient pas le combat culturel contre le sexisme.
LIRE LE RAPPORT “Présidentielle 2022 : les programmes politiques au prisme de l’égalité des femmes et des hommes”
Les appels des associations et mouvements féministes « Pacte 2022 pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes” du Laboratoire de l’Égalité. « 22 impératifs pour un quinquennat féministe » du collectif Ensemble Contre le Sexisme. « Nous présidentes…” : les 12 mesures phares de l’association Osez le Féminisme ! Tribune du JDD signée par la Fondation des Femmes, la Fédération nationale solidarité femmes, la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles, le Planning familial et Force femmes. « Présidentielles: 10 propositions pour un monde du travail vraiment égalitaire” par le collectif d’expertes Femmes et Travail. « Nous Présidentes” : les revendications du Collectif national pour les droits des femmes. |