Des dizaines d’organisations appellent à manifester à Paris dimanche 25 novembre, contre les violences faites aux femmes. Mais la question de la prostitution est venue érafler le consensus.
Cela aurait pu être une manifestation consensuelle. Au côté du Collectif national pour les Droits des Femmes, plusieurs dizaines d’associations et syndicats appellent à manifester à Paris, dimanche 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Le cortège reliera la place de la Bastille au ministère de la Justice.
Au cœur des revendications, la nécessité d’une loi forte contre ces violences. Le ministère des Droits des femmes a déjà souligné que la question sera au coeur du comité interministériel du 30 novembre. Et a déjà évoqué quelques pistes : ordonnance de protection renforcée, amélioration de l’accueil des victimes, ou généralisation du « téléphone grand danger ».
Pour le Collectif national pour les Droits des Femmes, « il ne faut laisser de côté aucun ‘aspect’ des violences : éducation, sensibilisation du public, éducation non sexiste, formation des professionnels, social, de santé, de solidarité, d’accompagnement, répressif, judiciaire, institutionnel, de procédure pénale. Bref il faut une loi globale, une loi-cadre. »
La prostitution comme violence
Tous les éléments sont réunis pour une manifestation unitaire. Tous ? Non. Car il y a aussi la question si sensible de la prostitution.
L’appel à la manifestation intègre le soutien à « une véritable politique abolitionniste, reconnaissant donc la prostitution comme une violence, incluant une vraie réinsertion des personnes prostituées, l’abolition du délit de racolage, et une politique de responsabilisation, pénalisation du client. »
Problème : le soutien à la position abolitionniste – et le projet de pénalisation du client – reste explosif, et divise le mouvement féministe en deux camps.
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Ainsi le Mouvement Français pour le Planning Familial, qui s’oppose au projet de pénalisation des clients, n’a pas appelé à participer à la manifestation du 25 novembre. L’association départementale de Paris du Planning Familial, en revanche, s’est associée à l’appel.
Malaise également chez l’Inter-LGBT. Le collectif d’associations lesbiennes, gays, bi et trans, qui s’était joint tardivement à l’appel, s’en est retiré presque aussitôt, vendredi 23 novembre, ainsi que le relève le blog « Egalité des droits » du magazine Yagg.
La raison ? Ce collectif, lui même partagé entre abolitionnistes et réglementaristes, ne prend pas officiellement position sur la question de la prostitution. Et quand la porte-parole du Syndicat des travailleurs sexuels (Strass), Morgane Merteuil, relevait le 22 novembre la signature de l’Inter LGBT, elle s’en émouvait ainsi sur Twitter :
Indignation plus porteuse que nuancée : moins de deux heures plus tard, la signature de l’Inter LGBT était retirée.
Les frictions pourraient se ressentir le 25 novembre même. Car un autre groupe – piloté par le Strass, justement – appelle lui aussi à un rassemblement à proximité de la place de la Bastille contre les violences faites aux femmes. En demandant entre autres, lui, « l’abandon du projet de pénaliser des clients » de prostituées.