Une campagne de com’ invite les hommes à « s’excuser » de ne pas « aider assez » leur femme au quotidien. À côté de la plaque.
Une page de publicité dans le journal L’Equipe, vendredi 5 mai : la marque La Boulangère met les petits plats dans les grands pour une campagne de communication qui se qualifie de « féministe ». Avec le soutien de rugbymen, elle « lance un appel national pour inciter les hommes à s’excuser publiquement à la télé ». De quoi ? De ne pas participer assez aux tâches ménagères.
Les femmes consacrent en moyenne 2,5 fois plus de temps que les hommes aux tâches ménagères, rappelle la marque, à juste titre. Mais avec cette opération marketing, il s’agit surtout de cacher la poussière sous le tapis. Dans la première vidéo mise en ligne pour lancer cette opération, le rugbyman Fabien Machenaud présente effectivement des excuses… et puis c’est tout. Pas franchement de quoi transformer l’essai.
Alors oui, la « prise de conscience » est un « premier pas vers les changements de comportements », explique La Boulangère dans son communiqué de presse. Mais il s’agit là, vraiment, d’un tout petit pas. Car sa campagne ne demande même pas l’engagement d’en faire plus. Il s’agit simplement de présenter des excuses. Demander l’absolution, en somme. Ou plutôt s’auto-excuser car l’homme dit « je m’excuse » et non je présente mes excuses », « prie de m’excuser » ou autre « demande de bien vouloir m’excuser » comme indiqué dans les manuels de bonne conduite.
La marque entérine même l’inégalité par le vocabulaire en s’adressant ainsi aux femmes : « Invitez vos hommes à s’excuser pour ne pas vous aider assez au quotidien ». Là encore, pas question de les inviter à aller au-delà du constat et se retrousser les manches. Et encore moins d’imaginer un partage des tâches égalitaire : le rôle des hommes est d’« aider assez », pas d’en faire autant.
Un état d’esprit bien loin de ce post Facebook devenu viral en début d’année et qui portait ce message autrement positif : « Je n’aide pas ma femme ! (…) Il ne s’agit pas d’une aide, nos tâches son partagées ».