Une énorme vague déferle sur les réseaux sociaux : les hommes pensent très souvent à l’empire romain. Au grand étonnement des femmes…. Qui auraient une toute autre « charge mentale ».
Tous les réseaux sociaux mènent à Rome depuis quelques jours. « À quelle fréquence penses-tu, ou as-tu déjà pensé, à l’Empire romain ? » demandent des jeunes femmes à leur compagnon sur des milliers de vidéos publiées sur Tik-tok et autres posts sur des réseaux sociaux avec le mot-dièse #romanempire. Et les réponses des hommes laissent leurs femmes interloquées. De quelques fois par mois à plusieurs fois par jour, tous les hommes interrogés y pensent. Le décalage entre le discours des hommes qui trouvent normal d’y penser et les réactions des femmes a contribué à la viralité de la tendance.
A l’origine du buzz, une vidéo Instagram, publiée le 19 août par un certain Gaius Flavius, un Suédois passionné par les reconstitutions de scènes liées à la Rome antique. Il invite : « Mesdames, vous n’avez pas conscience de la fréquence à laquelle les hommes pensent à l’Empire romain. Demandez à votre mari/copain/père/frère – vous serez surprises par leurs réponses ! »
Récemment, le milliardaire Mark Zuckerberg, qui n’a jamais caché sa fascination pour cette époque a écrit sur son réseau social : « Je ne suis pas sûr de penser tant que ça à l’Empire romain. Je me demande ce que mes filles Maxima, August et Aurelia (trois prénoms issus d’empereurs) en pensent ». Son éternel rival Elon Musk qui imaginait l’été dernier l’affronter dans le Colisée de Rome pour un combat de gladiateurs nouvelle génération a dit qu’il pensait « Tous les jours » à l’empire romain.
Si l’on en croit les personnalités interrogées par le HuffpostUS, les mythes entretenus par l’empire romain et les personnages dans lesquels peuvent se projeter les hommes ne militent pas en faveur de l’égalité des sexes. Entre – 27 av J.C et 476. « Ces empereurs peuvent être perçus comme des sages, à l’image de Marc-Aurèle, mais également comme de véritables tyrans comme Caligula ou Neron. Ces empereurs romains représentent à la fois le meilleur et le pire pour nous » assure David Potter, Professeur à l’Université du Michigan.
Les hommes s’imaginent en héros de l’Antiquité romaine pour plusieurs raisons. La pop culture les y encourage. Des films comme Gladiator ou Rome se déroulent à cette époque. D’autres l’évoquent indirectement comme Les Sopranos, Le Parrain ou Star Wars.
Autre explication donnée par Susanna Elm, professeure spécialiste de l’Antiquité romaine à l’université de Berkeley (Californie) interviewée par le HuffpostUS : « C’est un empire connu pour ses exploits si vous êtes fasciné par les routes, les transports, les ponts, les infrastructures… et ce sont plus souvent les hommes qui aiment ce genre de choses. » Dans les vidéos TikTok, les hommes qui pensent à l’empire romain évoquent les constructions des Romains, les aqueducs ou les routes qui les fascinent.
Susanna Elm observe aussi que les conquêtes de l’Empire romain sont souvent citées dans les vidéos. « C’est une fascination politique, explique Susanna Elm qui observe qu’aux Etats-Unis, « Tout le monde a peur du déclin de l’empire », estime la professeure.
Elle évoque aussi le stoïcisme et note que dans les séminaires de management, « C’est une philosophie qui est associée à la gouvernance. Se gouverner soi-même pour pouvoir gouverner les autres », explique-t-elle.
Et bien sûr, elle explique l’engouement des hommes pour l’empire romain par une certaine vision de la masculinité avec la figure du gladiateur qui se bat à la mort pour son honneur.
Le Huffpost observe que cette vision peut vite tourner à la masculinité toxique. Sous la vidéo Instagram qui a lancé la tendance, un utilisateur, qui a une photo de Donald Trump comme image de profil, envoie : « Être un homme, c’est vouloir créer. C’est construire. Ou détruire et conquérir. Rome était tout cela. Les hommes rêvent d’empire. »
Une tendance n°1 sur les réseaux sociaux dans le monde n’est pas une enquête sociologique mais ce n’est quand même pas très encourageant. Vu des réseaux sociaux, il semblerait que, pendant que les hommes se rêvent en empereurs romains, les femmes ont l’esprit encombré par la « charge mentale ». A chacun.e son temps de cerveau disponible.