De Hœnheim, 10 000 habitants, à Paris, en passant par Rouen, des villes prennent garde à donner plus de visibilité aux noms de femmes dans l’espace public. Revue de bonnes pratiques.
Des noms de rues plus féminisés, c’est l’une des tendances positives de cette année 2013. Dernier exemple en date venu d’Alsace : la ville d’Hœnheim, 10 000 habitants, ne sera bientôt plus « à côté de la plaque », rapporte 20Minutes. Elle inaugurera au printemps ses toutes premières plaques de voirie aux noms de femmes. Son futur écoquartier sera doté d’une rue Simone-Veil et d’une allée Dorette-Muller (illustratrice alsacienne). Et « si on doit choisir d’autres noms de personnes, ce sera des noms de femmes », lance la première adjointe Martine Florent.
Cette initiative à petite échelle fait écho à d’autres récents efforts de rééquilibrage, dans de plus grandes villes, pour donner davantage de visibilité aux femmes dans l’espace public. En juillet, le conseil municipal de Rouen a donné des noms féminins à 5 nouvelles rues. Depuis 2008, la capitale haut-normande procède ainsi pour nommer 95% des nouvelles voiries ou des espaces publics.
La ville de Paris a également lancé une opération féminisation. Allée Nina Simone dans le XIVè arrondissement, pelouse Billie Holiday à l’hippodrome d’Auteuil, ou allée (oui, encore une allée) Elsa Triolet dans le futur jardin des Halles… un an après l’attribution de 9 noms de personnalités féminines à des stations de tramway, 27 noms de femmes ont commencé à (ou doivent prochainement) être attribués à des voies, places, espaces verts ou équipements publics. Le 8 mars, déjà, douze noms féminins prenaient place dans des espaces publics parisiens. Mais il s’agissait surtout de plaques commémoratives.
Initiatives citoyennes
Aujourd’hui, sur les 6 000 voies et places parisiennes, seules 200 rendent hommage à une femme. Et la capitale ne fait pas figure d’exception. A Toulouse par exemple, seules 10% des personnalités célébrées sur les plaques sont des femmes – mais la ville assure respecter la parité depuis 2008. . Elles sont moins de 10% à Lyon, où l’équipe municipale semble aussi avoir pris conscience de cette symbolique.
En attendant que les municipalités agissent (ce qui n’est pas toujours le cas, la ville de Fougères a attribué la semaine dernière trois nouveaux noms de rues… à trois hommes), des initiatives citoyennes se font jour. Comme à Agen, qui a connu deux initiatives distinctes, en octobre puis début décembre. Ou comme à Rennes en avril : « à partir du constat que trop peu de rues portent un nom de femme (environ 6% à Rennes sur le total des noms de personnes) » deux étudiantes en design graphique aux Beaux Arts – pour leur projet La Brique – avaient recouvert les plaques du centre historique de la ville pour mettre « en lumière des personnalités féminines locales méconnues ou oubliées ».