C’est à une apologie des supermarchés du sexe de la frontière espagnole que se livre le quotidien régional. Sans regarder de l’autre côté du miroir la réalité du trafic de femmes
Décidément, Sud-Ouest !… Après un dérapage (rectifié depuis) sur un viol qui ternissait les fêtes de Bayonne et la réputation du maire de la ville, voici que le quotidien régional se livre à une véritable apologie de la prostitution dans les supermarchés du sexe de la frontière espagnole.
Un de ses reporters s’est rendu sur place et n’a vu qu’ambiance bon enfant et prostituées extatiques. Rien sur les trafics de femmes, pas un chiffre rappelant que plus de 80 % des prostituées ont été forcées après avoir été abusées par des trafiquants qui leur promettaient la lune.
Tout à son bonheur d’aborder un sujet qu’il croit léger, le journaliste en fait des tonnes sur ces prostituées d’Amérique Latine « À la Frontera, c’est bikinis blancs et robes rouges sur peau cuivrée. L’Amérique latine à la portée des lapins. » Et ce groupe de jeunes « Parfumés, bien coiffés, leurs yeux rouges brillent d’une ivresse pas catholique. »
Quand aux prostituées bien sûr, elles affirment adorer leur métier. Et les proxénètes sont évidemment de braves types désintéressés. Les jeunes que suit le journaliste livrent même une conclusion en guise d’avertissement aux Françaises pas assez « sympas » à leur goût : « Je retournerai dans les bars normaux quand les Françaises seront plus sympas. En attendant, je peux toucher des filles que t’auras jamais l’occasion de toucher », avec ce commentaire gourmand du journaliste : « conclut-il, un sourire bravache aux coins des lèvres. » Evidemment, l’article est émaillé de « plus vieux métier du monde » histoire de masquer le côté sordide des trafics…. Nous sommes donc au pays des braves types selon le quotidien régional. Aussi braves que le proxénète Dodo la Saumure qui a table ouverte sur une émission de service public.
Il faut naviguer longtemps dans les commentaires pour trouver quelques éclairs de lucidité et une connaissance de l’envers de la prostitution. Certains commentateurs hostiles à l’article se plaignent d’avoir été censurés. Mais Didier Bois par exemple arrive à dire que les prostituées sont « sous la coupe de réseaux de proxénétismes puissants », que même dans les pays où la prostitution est légalisée, plus de 95 % des prostituées ont un proxénète qu’elles appellent « ami » par peur des représailles. Ulla disait qu’elle ne cherchait pas à protéger son proxénète mais à sauver sa peau. Mais Sud-Ouest ne veut pas le savoir.
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