
© Capture d’écran LCI « 24H Pujadas » du 4 novembre 2019
« Si on est au SMIC faut peut-être pas divorcer non plus ! » Sur la chaîne d’info LCI, Julie Graziani tient un discours nauséabond. Puis écrit de vagues excuses sous forme de tribune ultra-conservatrice.
Dans une de ces émissions de commentaires de l’actualité dont les chaînes d’info ont le secret, Julie Graziani, éditorialiste à l’Incorrect (fondé par des proches de Marion Maréchal) s’en est pris à une mère célibataire smicarde. Présentée dans wikipedia, comme se revendiquant « lanceuse d’alerte » et militant contre l’avortement et au sein de la « manif pour tous », elle a tranquillement déployé un point de vue ultra-conservateur.
Dans l’émission “24h Pujadas” sur LCI, lundi 4 novembre, elle devait commenter une séquence d’une visite du président de la République à Rouen. Une femme interpelle Emmanuel Macron : « Je suis seule avec deux enfants, au SMIC. Je vois pas trop comment on peut s’en sortir ». Il lui répond : « Vous avez deux tiers de taxe d’habitation en moins. » Pas vraiment selon l’interlocutrice qui gagne le SMIC : « Il y a deux ans, je n’en payais pas, et là j’en paie, alors que je n’ai pas gagné plus et je suis toujours seule avec deux enfants » lui rétorque-t-elle.
Réaction de Julie Graziani (sans rire) : « Je ne connais pas son parcours de vie à cette dame, qu’est-ce qu’elle a fait pour se retrouver au SMIC, est-ce qu’elle a bien travaillé à l’école ? Est-ce qu’elle a suivi des études ? Si on est au SMIC faut peut-être pas divorcer non plus. À un moment donné, quand on se rajoute des difficultés sur des difficultés, et des boulets sur des boulets, on se retrouve avec des problèmes. ».
La séquence est diffusée par le compte Balance ton média sur twitter.
https://twitter.com/BalanceTonMedia/status/1191523302730321921
Énorme buzz sur les réseaux sociaux. La secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa a réagi interpellant la chaîne d’info. « Bonjour @LCI j’aimerais comprendre: quel est le message quand on blâme une femme de ne gagner que le SMIC puis qu’on lui reproche publiquement d’avoir divorcé ? Riche on peut divorcer, pauvre il faut subir ? Sous couvert d’opinion, un violent mépris des mères isolées ! »
Julie Graziani a d’abord persisté et signé en réagissant ainsi sur les réseaux sociaux le 4 novembre dans la soirée : « je mets les points sur i. Chacun est responsable de ses parcours de vie. Tu as fait le mauvais choix de boulot, tu as fait le mauvais choix de mec, tu assumes. Ce n’est pas à l’Etat d’arranger tes problèmes. #GiletsJaunes »
Mais le 5 novembre, en début d’après-midi, sur le site de L’incorrect, elle rétro pédale, puis s’enfonce davantage : « La formule était provocatrice et blessante pour les intéressées. Je le reconnais et je présente mes excuses à ceux qui l’ont ressenti comme tel. Mon propos n’était pas de dire qu’une mère de famille en situation de précarité n’avait pas à divorcer. »… C’était pourtant assez clair dans ses propos puis dans ses tweets de la veille. Puis elle sert la vieille rhétorique ultraconservatrice anti-Etat Providence : « Je ne pense pas non plus qu’il faille laisser chacun à son sort, en tuant toute forme de solidarité. En revanche, la solidarité devrait avant tout passer par la famille et les corps intermédiaires (tissu associatif local, solidarité de proximité, églises, œuvres de bienfaisance, etc.). C’est parce que l’Etat providence a détruit ces corps intermédiaires que l’individu s’est retrouvé atomisé… » Elle invoque « toutes les formes de solidarité naturelle qui aidaient auparavant les gens au quotidien, celle du temps où nos anciens s’occupaient des enfants, bien avant le business des crèches et des Ephad. » Une bonne vieille forme de solidarité qui enchaînait les femmes à un foyer…