La nouvelle présidente du Conseil national du numérique, Salwa Toko, se bat depuis des années pour «corriger le gender gap dans les métiers techniques de l’informatique» au sein de Wifilles puis de Becometech.
L’information avait fuité dans la Tribune il y a quelques jours, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat au Numérique, vient de l’annoncer sur twitter : Salwa Toko est nommée à la présidence du Conseil National du Numérique (CNNum). Cette instance chargée de conseiller le Gouvernement et la société sur les transformations numériques était en sommeil depuis la démission de Mounir Mahjoubi qui avait quitté sa présidence en janvier 2017 pour s’investir dans la campagne d’Emmanuel Macron. Elle avait connu un réveil de courte durée en décembre dernier. Une polémique avait éclaté après la nomination de Marie Eckeland à sa présidence. En cause : la nomination de Rokhaya Diallo parmi les 30 membres. Il lui était reproché de dénoncer « la persistance d’un racisme d’État. » Le gouvernement ayant mis son veto, Marie Eckeland et 20 des membres fraîchement nommés avaient démissionné.
Alors que le monde du numérique a toujours été et reste très masculin, cette instance d’abord très peu féminisée (voir Conseil National du Numérique : 2 femmes, 16 hommes) est paritaire depuis 2012 (voir La parité s’impose dans le numérique).
Salwa Toko est la deuxième femme à être nommée présidente de cette institution. Son parcours est jalonné d’engagements pour le numérique et surtout pour l’inclusion des femmes dans ce milieu très masculin.
En 2014, elle a fondé Wifilles, au sein de la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE) de Seine-Saint-Denis. Un engagement en faveur de l’inclusion des femmes dans le milieu très masculin de la tech. L’objectif de Wifilles : sensibiliser, dès le collège les filles aux métiers du numérique et de la tech, faire tomber les stéréotypes sur les métiers d’hommes ou de femmes qui aboutissent à la sous-représentation des femmes dans les écoles d’ingénieurs, dans les métiers techniques du numérique et à la tête des startups. Wifilles a permis à plus d’une centaine de collégiennes et de lycéennes de Seine-Saint-Denis de bénéficier d’une formation gratuite aux outils numériques.
Salwa Toko a ensuite créé l’association Becomtech pour amplifier et étendre l’action de Wifilles aux étudiantes post-bac notamment et «corriger le gender gap dans les métiers techniques de l’informatique». Becomtech accompagne les jeunes filles et les femmes pour qu’elles puissent « s’impliquer et poursuivre si elles le souhaitent une carrière dans les sciences informatiques » Des sessions de formations gratuites de cinq semaines aux outils numériques sont proposées. Le travail de l’association est financé par des mécènes privés.
Le nouveau CNNum, devrait être entièrement renouvelé. Seul Gilles Babinet, qui en a été le premier président devrait rester et en être le vice-président. Parmi les nouveaux membres : Karine Dognin-Sauze, vice-présidente de la Métropole de Lyon ou Nathalie Collin, directrice générale adjointe en charge du Numérique et de la Communication du groupe La Poste.