La lutte contre les violences sexuelles dans le sport avance. Au-delà de la dénonciation et des sanctions, trois femmes ministres sont déterminées à faire bouger les mentalités dans le sport de haut niveau.
« Un enfant sur sept est victime de violences dans le sport aujourd’hui. On ne peut pas laisser un tel phénomène s’enkyster dans notre société » En ouvrant la 4ᵉ convention nationale de prévention des violences dans le sport, lundi 3 juillet, Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports a voulu afficher sa détermination. Et les violences sexuelles et sexistes, « demeurent le principal fléau à combattre » signale la ministre.
Les chiffres clés de la cellule nationale de traitement des signalements de violences dans le sport pour 2022 parlent d’eux-mêmes: 83 % des signalements concernent des violences à caractère sexuel. Parmi les 907 personnes mises en cause, 96 % sont des hommes. Et du côté des victimes, 78 % sont de sexe féminin. 82 % étaient mineures au moment des faits, 41% étaient âgées de moins de 15 ans au moment des faits. L’étude note aussi que 85 % des affaires concernent des faits ayant eu lieu entre 2020 et 2022.
« Le temps de l’omerta, du silence et de la solitude s’est achevé » s’est réjouie Isabelle Lonvis-Rome, Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, mais elle insiste sur la nécessité de faire évoluer les mentalités. « Les relations d’autorité entre dirigeant, entraîneur et athlète peuvent engendrer des situations d’emprise psychologique et renforcer le risque de violence. La place du corps, de l’engagement corporel et le rapport à l’effort et la souffrance peuvent accroître l’exposition aux violences et discriminations. C’est pour cela qu’avec le mouvement sportif, le Gouvernement s’est engagé pour changer structurellement les mentalités et les pratiques. »
Parmi les initiatives prises depuis deux ans pour faire évoluer ces mentalités : en 2020, création de la cellule Signal-Sports : en 2022, la loi du 2 mars rend obligatoire, dans la cadre de la formation des éducateurs sportifs, l’insertion d’un module de prévention et de lutte contre les violences sexuelles ; et, le 15 juin dernier, a été adoptée au Sénat une proposition de loi sur le contrôle de l’honorabilité des professionnels intervenant auprès des enfants.
Charlotte Caubel, la Secrétaire d’État, chargée de l’Enfance, a aussi souligné que, plus largement, c’était la « culture de la haute performance » qu’il fallait transformer. Outre les possibles relations d’emprise des coachs sur les jeunes sportives, la culture du sport de haut niveau valorise la souffrance, et la violence sexuelle peut être amalgamée à cette souffrance. « On parle souvent de sueur, sang, et larmes » a-t-elle constaté. « La sueur oui, mais remplaçons ‘sang’ par ‘sens’ et ‘larmes’ par ‘âme’ »
« Le mental » ! Les sportifs de haut niveau le mettent au centre de leurs performance. Il est temps de le mettre au centre de la lutte contre les violences sexuelles. Après avoir facilité les dénonciations, renforcé les sanctions, organisé des formations, les trois femmes ministres se sont montrées déterminées à faire évoluer aussi « la culture de la haute performance ».