
L’haltérophile Lennart ‘Hoa Hoa’ Dalgren dans une campagne de communication de la Sécurité sociale suédoise, dans les années 70, incitant les pères à prendre leur congé parental. Via blogs.sweden.se
Le gouvernement suédois va étendre de deux à trois mois la période non transférable à prendre par le père. Et la question d’un congé parental individualisé – partagé à 50/50 en théorie – n’est pas close.
Impliquer les pères dans le congé parental. Pionnière dans ce domaine, la Suède entend faire encore plus. Le gouvernement suédois a confirmé jeudi 28 mai son intention de faire passer de deux à trois mois (sur un total de 16 mois) le temps de congé parental (föräldraledighet) obligatoirement pris par le deuxième parent – dans les faits, le père.
Le gouvernement, à majorité sociale-démocrate, espère que le Parlement votera cette réforme avant la fin de l’année. Elle pourrait entrer en vigueur dès 2016.
C’est en 2002 que la Suède a instauré un « quota » de deux mois à prendre par le deuxième parent (sur 480 jours de congé global), sans quoi ils sont perdus. Résultat : en 10 ans, le temps du congé parental pris par les hommes a doublé. En 2011, les pères prenaient 24% des jours de congé parental, contre 12% en 2000.
En France, le congé parental est pris à 96% par les mères. La loi pour l’égalité réelle de 2014 a instauré, comme en Suède, une période non transférable à prendre par le deuxième parent. Mais la grande différence est qu’en Suède le congé parental est intégralement rémunéré. Voir par exemple : 100 000 pères en congé parental ? C’est peu probable |
Un troisième mois de congé parental à prendre par les pères « n’est certes pas le seul moyen de parvenir à l’égalité » entre les hommes et les femmes ; « il nous faudra faire plus », a commenté la ministre des Affaires sociales Annika Strandhäll.
Un jour, un congé parental individualisé ?
La nécessité d’une réforme plus ambitieuse fait d’ailleurs débat. Le parti féministe Feministiskt Initiativ, qui a manqué de peu d’entrer au Parlement à l’automne, ainsi que le Parti de gauche, soutien du gouvernement, prônent un congé parental individualisé. C’est à dire partagé en deux périodes égales non transférables entre les parents. En Suède, les prestations sociales – de même que l’impôt sur le revenu – sont déjà individualisées.
Individualiser l’impôt sur le revenu, pour favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes ? La question revient régulièrement dans le débat en France, pour être régulièrement enterrée. Voir par exemple : La piste fiscale pour l’égalité salariale |
Le congé parental individualisé est même un des éléments de programme adoptés le 31 mai par le Parti social-démocrate, la formation du Premier ministre Stefan Löfven, réuni en Congrès. Mi-mai, trois figures féminines du parti le clamaient dans une tribune : c’est « la seule réforme capable de répondre au problème structurel » des inégalités femmes/hommes au travail. Par exemple au fait que les femmes travaillent bien davantage à temps partiel. La proportion est à peu près la même qu’en France.
Lire aussi : Le « modèle suédois », tout relatif
Mais l’annonce de l’allongement de deux à trois mois du ‘quota’ réservé au deuxième parent est un moyen pour le gouvernement de couper court à ces demandes. A l’issue du congrès social-démocrate, le Premier ministre a ainsi minimisé le vote de son parti en affirmant que le congé parental individualisé est un objectif… à long terme. Il n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement.
1 commenter
Existe t-til des études récentes sur COMMENT se passe ce congé en Suède?
Attention à ne pas transformer les pères en mère bis…..car alors, les enfants n’ont pas de père! C’est une tendance moderne bien fâcheuse Certaines femmes commencent à être un peu dépossédées de leur relation mère-bébé des premiers mois par des pères intrusifs, angoissés, qui prétendent tout savoir mieux qu’elle….car la domination masculine est toujours à l’oeuvre.
Tout ceci mérite des analyses et des études fines.