Selon un rapport d’Amnesty International, Twitter n’en fait toujours pas assez pour protéger les femmes contre la violence et les insultes en ligne. Des intimidations qui brident leur parole politique.
«Twitter n’en fait pas encore assez pour s’attaquer au déluge d’abus auxquels les femmes sont confrontées sur la plateforme. (…) ce qui conduit de nombreuses femmes à se taire ou à s’autocensurer » écrit Rasha Abdul Rahim, codirectrice d’Amnesty Tech dans un communiqué annonçant les résultats d’un nouveau rapport présenté ce 22 septembre. Elle ajoute que « la persistance des abus auxquels les femmes sont confrontées sur la plateforme porte atteinte à leur droit de s’exprimer de manière égale, libre et sans crainte.» Et c’est encore pire pour « les femmes issues de minorités ethniques ou religieuses, de castes marginalisées, les femmes lesbiennes, bisexuelles ou transgenres – ainsi que les personnes non binaires – et les femmes handicapées »
En 2017, Amnesty International avait réalisé une étude analysant, avec 6 500 bénévoles dans 150 pays, les tweets adressés à 778 femmes, journalistes et politiciennes américaines et britanniques, de tous bords politiques. Sur les 14,5 millions de courts messages adressés à ces femmes sur le réseau cette année là, 7,1 % des tweets étaient menaçants, violents, agressifs, dégradants ou sexistes. Et beaucoup de ces messages ne contrevenaient pas aux règles de twitter. Des règles que l’ONG demande de faire évoluer.
La militante indienne Meena Kandasamy qui a étendu l’étude à d’autres pays ajoute : « Être une femme tamoule de caste mixte, qui s’exprime contre le système de castes discriminatoire de l’Inde, s’est avéré être un mélange explosif sur Twitter. Je reçois un torrent d’insultes racistes et misogynes, et même des menaces de viol. Twitter semble toujours faire du rattrapage et est trop lent pour aborder les différents types d’insultes auxquelles les femmes sont confrontées »
Amnesty International avait proposé au réseau à l’oiseau bleu dix recommandations concrètes sur la transparence, les mécanismes de signalement ou le renforcement des dispositifs de protection de la vie privée. Un système de feux de signalisation évalue les progrès de Twitter dans la mise en œuvre des recommandations. Le rouge signifie que la recommandation n’a pas été mise en œuvre, l’orange indique les travaux en cours, et le vert signifie que la recommandation a été entièrement mise en œuvre.
Formation des modérateurs et transparence
Le bilan note que, depuis 2017, Twitter a progressé sur quelques petits points comme la possibilité pour les personnes signalant un abus de disposer d’un espace pour décrire le problème. Mais c’est trop peu : sur les dix recommandations, un point est au vert, trois sont au rouge et six à l’orange.
Amnesty International demande plus de transparence sur la manière dont la plateforme conçoit et met en œuvre des processus automatisés pour identifier les insultes et menaces en ligne contre des femmes. L’ONG doute : les modérateurs « ont-ils une formation assez bonne pour connaître les langages et les subtilités culturelles de tous les pays » demande Rasha Abdul Rahim qui appelle à davantage de transparence sur le fonctionnement de la modération et les moyens mis en œuvre. Elle déplore la lenteur du réseau social sur cette question qui touche les droits des femmes : « Si Twitter a révélé des détails sur la manière dont il utilise des algorithmes pour lutter contre la désinformation pendant la pandémie COVID-19 actuelle, il n’a pas encore fourni le même niveau de transparence sur la manière dont les algorithmes sont utilisés pour traiter les tweets abusifs. »
Amnesty International a publié, à la fin de son rapport, une réponse de Twitter qui admet devoir progresser sur la formation des modérateurs.
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