Alors que le tournoi de Roland-Garros bat son plein, le milieu sportif déplore le manque de performance des Françaises. Mais les joueuses s’indignent des faibles moyens alloués au sport féminin et de son invisibilité.

« Dégringolade », « pas de relève », « incompréhensible ». Voici les quelques réactions relayées par la presse après l’annonce de la retraite de la joueuse de tennis française Caroline Garcia lors de l’ouverture de Roland-Garros, qui se déroule du dimanche 25 mai au mercredi 4 juin 2025. Elle était l’une des meilleures joueuses françaises de ces dernières années. Depuis, le milieu sportif s’inquiète d’une baisse de performance chez les joueuses de tennis françaises. Mais peut-être faudrait-il plutôt interroger l’investissement mis pour soutenir la branche féminine du tennis, et ce dès les plus jeune âge chez les amateurs.
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« Un trou dans la formation »
Désormais, seulement trois joueuses françaises – Varvara Gracheva (72e), Diane Parry (93e) et Leolia Jeanjean (100e) – sont représentées dans le top 100 mondial et seulement sept dans le top 200. Du côté du top 100 masculin : 13 Français en 2024. Comment expliquer un tel écart de niveau entre les joueuses et les joueurs de tennis français.es ? « C’est assez incompréhensible… C’est une période regrettable, reconnaît Fabrice Santoro, consultant Prime Video, cité par le journal Ouest France, avant de nuancer : Il y a une expression que je ne tolère pas et ne valide pas, c’est le trou générationnel. Dans un pays où il y a 68 millions d’habitants et des centaines de milliers de jeunes filles qui jouent, rêvent pour certaines d’être championnes et de gagner un Grand Chelem, avec des courts et des écoles de tennis dans toutes les régions, c’est plutôt un trou dans la formation. ». Pour accéder au haut niveau et aux classements mondiaux c’est un parcours de la combattante pour les femmes, confrontées aux faibles moyens alloués à leur formation. Si la Fédération Française de Tennis (FFT) recense un million de licencié.e.s en 2024, seulement 29,3% sont des femmes. Une proportion qui stagne.
Le sport féminin continue d’être invisibilisé
Les inégalités au niveau de la formation et d’investissement pour l’évolution des joueuses impactent directement la diffusion et donc la visibilité du sport féminin. La preuve : depuis 2021, Roland-Garros organise chaque soir du tournoi des sessions nocturnes à partir de 20 h 15 sur le court Philippe-Chatrier. Sur les onze soirées prévues, aucun match féminin n’aura lieu. C’était déjà le cas en 2024. Malgré la présence d’Amélie Mauresmo à la direction de Roland-Garros, l’égalité est loin d’être atteinte dans le tennis. Interrogé sur ce choix, lors d’une conférence de presse organisée le 25 mai, le président de la FFT Gilles Moretton a tenté de se justifier : « Nous devons penser à ce qu’il y a de mieux pour les spectateurs et c’est pour ça que nous devons faire des choix et mettre le meilleur match possible ». Autrement dit : le sport pratiqué par les hommes reste plus intéressant que son pendant féminin.
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La joueuse Tunisienne Ons Jabeur, l’actuelle 36e mondiale, s’est indignée de cette mise à l’écart des femmes de cette étape importante de la compétition : « C’est dommage pour le sport féminin en général, pas seulement pour le tennis. Je ne pense pas que ceux qui prennent ces décisions ont des filles, je ne crois pas qu’ils les traiteraient comme ça. C’est un peu ironique. Ils ne montrent pas le sport féminin, ils ne montrent pas le tennis féminin et puis ils disent : “Oui, mais les fans regardent surtout les hommes“. Bien sûr qu’ils regardent plus les hommes parce qu’on montre plus les hommes, tout est lié ».
Il y a quelques mois, une joueuse française s’est donné pour défi de faire changer les mentalités. Pauline Payet, 45e Française et ex-577e mondiale, a lancé une série de vidéos sur Youtube : « Pauline VS men ». Le but ? Affronter des tennisman de tous les niveaux, du plus bas au mieux classé, afin de voir jusqu’où elle pouvait aller. Bilan : « Douzième match, première défaite », a déclaré Pauline Payet dans une vidéo postée ce 18 mai, après s’être inclinée face à un joueur classé 1/6. Si elle a perdu ce match, la joueuse a définitivement gagné la guerre du sexisme en clouant le bec à ceux qui critiquent le jeu des sportives professionnelles qui ne seraient pas au niveau des hommes. La balle est désormais dans le camp des dirigeants du sport pour instaurer une véritable égalité en tennis et ailleurs.
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