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Comme dans la plupart des films de Coline Serreau, un sujet fuyant, ici la sécurité routière, devient une aventure vertigineuse. Devrait être obligatoire…
Comme dans la plupart des films de Coline Serreau, un sujet fuyant, ici la sécurité routière, devient une aventure vertigineuse. Devrait être obligatoire…
Bouleverser des certitudes avec poésie et sans fioriture, c’est la force du cinéma de Coline Serreau. De « Trois hommes et un couffin » qui remuait les rapports sociaux de sexe à « Tout est permis » qui secoue le spectateur en le mettant gentiment devant ses petites ou grandes incivilités routières aux conséquences parfois dramatiques, la réalisatrice sait chambouler. Entre ces deux films, il y a eu notamment La crise ou Chaos pour nous forcer à voir ce qu’il est plus facile d’ignorer. Et… Solutions locales pour un désordre global qui indique des voies pour sortir de la crise écologique, financière et politique. A condition de le vouloir. (voir : Coline Serreau filme la résistance à la crise écologique)
Caméra à l’épaule, la réalisatrice s’est glissée discrètement dans des stages de récupération des points de permis de conduire. De la grande bourgeoise nostalgique de l’époque où tout le monde se rabattait pour laisser filer à grande vitesse une grosse cylindrée au pauvre travailleur persuadé que l’Etat en a après son argent, toutes les mauvaises raisons de devenir un délinquant de la route y passent dans une joyeuse mixité sociale. « Seul endroit désormais où tous les milieux se retrouvent » remarque la réalisatrice. Le film ne se limite pas aux mauvaises excuses de début de stage. Les réponses des animateurs sont tout en humanité et en intelligence : mais comment allez-vous faire pour regagner les 48 heures passées dans ce stage à coup de 5 minutes gagnées en dépassant les limitations de vitesse en risquant votre vie et celles des autres demandent-ils (en substance). Blanc. Et le film de montrer les conséquences d’un choc à 10 km/heures de plus que la vitesse autorisée. Ou le temps de réaction avec ou sans alcool dans le sang…
Mais chez Coline Serreau, tout est politique. L’industrie automobile qui a tant vanté la vitesse associée à la puissance virile envoie quelques émissaires faire leur numéro devant la caméra dans un exercice de style qui n’a rien à envier à celui des industriels de l’alcool. Elle casse le mythe des autoroutes allemandes où la vitesse est illimitée. Il s’agit d’un tronçon de quelques centaines de kilomètres financé par les constructeurs automobile… Partout ailleurs c’est limité.
D’ailleurs la réalisatrice le dit aussi souvent que possible, elle n’a pas trouvé de financements pour ce film. Ni auprès des chaines de télévision, ni auprès du CNC… Les lobbies trop puissants selon elle. Alors il faut aller voir ce film !
Tout est permis, un film de Coline serreau, Bac Production.