C’est l’avertissement de la commissaire européenne Cecilia Malmström. Dans l’Union, l’esclavage moderne concerne des milliers de personnes. Et après un délai de deux ans, 21 États membres n’ont toujours pas transposé la directive anti-trafic.
En Europe, entre 2008 et 2010, au moins 23 600 personnes ont été réduites à la notion d’objets, victimes du trafic d’êtres humains. C’est le premier chiffre qui ressort d’une étude inédite dévoilée lundi 15 avril par la Commission européenne (à retrouver ici en anglais).
Selon le rapport de la Commission :
– Les victimes de la traite en Europe sont à 68% des femmes, 17% des hommes, 12% des filles et 3% des garçons.
– Le trafic à des fins d’exploitation sexuelle concerne 62% des victimes ; le travail forcé 25%.
– 39% des victimes proviennent de pays extérieurs à l’Union, une proportion en hausse entre 2008 et 2010.
– Les victimes européennes sont originaires principalement de Roumanie et de Bulgarie. Les non-européennes du Nigeria et de Chine.
« Il est difficile de croire que dans une Europe libre et démocratique, 23 600 êtres humains ont pu être privés de leur liberté, exploités et vendus comme des matières premières pour le profit. Mais c’est la triste vérité : alors que je vous parle, des hommes, des femmes et des enfants sont vendus pour servir dans le commerce du sexe, les travaux agricoles, le bâtiment ou l’industrie textile », lançait la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, en présentant le rapport. « Ce sont les plus vulnérables de nos sociétés qui deviennent les cibles toujours plus nombreuses de cet esclavage de notre époque ».
Une directive, deux ans de délai, 21 États à la traîne
Les chiffres officiels ne laissent entrevoir qu’une partie de ce trafic. Mais selon le document de la Commission, le nombre de victimes confirmées et présumées a augmenté de 18% entre 2008 et 2010. Un chiffre à mettre en rapport avec cet autre : dans le même temps, le nombre de trafiquants condamnés, dans les pays fournissant des données, a chuté de 13%.
« Les États membres doivent arrêter de traîner les pieds », s’emporte la Commissaire européenne. Car les 27 avaient accueilli avec force louanges, en 2011, une nouvelle directive sur la prévention de la traite des êtres humains qui fixe des dispositions pénales contre les trafiquants et des droits pour les victimes.
Les États membres avaient deux ans, jusqu’au 6 avril 2013, pour transposer cette directive dans leurs législations nationales. Deux ans plus tard, seuls 6 États sur 27 (la République tchèque, la Finlande, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la Suède) l’ont fait entièrement. En France, le processus de transposition est toujours en cours.
« J’attends de tous les États membres qu’ils remplissent leurs obligations en transposant, sans délai, la directive anti-trafic dans leurs législations nationales », conclut Cecilia Malmstrôm, menaçant dans le cas contraire de « prendre les mesures nécessaires ».
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Photo © European Union, 2013. Cecilia Malmström lors de la présentation du rapport, le 15 avril 2013 à Bruxelles