Force politique jusqu’ici moins réprimée que les autres en Russie, les mouvements féministes russes bravent « la répression d’Etat » et appellent les féministes du monde entier à s’unir contre la guerre et l’occupation en Ukraine.
L’appel, « un manifeste de féministes russes unies », est publié sur plusieurs sites dans le monde comme ici Europe Solidaire Sans Frontières. Il est précisé en introduction que « le féminisme est l’un des rares mouvements d’opposition à ne pas avoir été détruit par les vagues de persécution menées par le gouvernement de Vladimir Poutine ». Et que « plusieurs dizaines de groupes féministes militants sont actifs dans au moins 30 villes de Russie »
Cet appel commence par une opposition claire au discours de Vladimir Poutine qui prétend entrer en « opération spéciale » pour « dénazifier » et « démilitariser » l’Ukraine. Les féministes russes dénoncent une guerre « menée depuis huit ans » pour annexer des Etats.
« En tant que citoyennes russes et féministes, nous condamnons cette guerre » écrivent-elles. Elles déroulent une longue liste de conséquences de la guerre pour les populations parmi lesquelles l’exacerbation des « inégalités de genre » et le recul « de nombreuses années des acquis en matière de droits humains » mais aussi « la violence sexuelle ».
D’autant plus que Vladimir Poutine veut faire triompher les « valeurs traditionnelles » par la violence. « Toute personne dotée d’esprit critique comprend bien que ces ‘valeurs traditionnelles’ incluent l’inégalité de genre, l’exploitation des femmes et la répression d’État contre celles et ceux dont le mode de vie, l’identité et les agissements ne sont pas conformes aux normes patriarcales étroites » souligne l’appel des féministes.
Elles semblent être un des derniers bastions de résistance à l’intérieur de la Russie : « Aujourd’hui, les féministes sont l’une des rares forces politiques actives en Russie. Pendant longtemps, les autorités russes ne nous ont pas perçues comme un mouvement politique dangereux, et nous avons donc été temporairement moins touchées par la répression d’État que d’autres groupes politiques. » Alors, de Kaliningrad à Vladivostok, de Rostov-sur-le-Don à Oulan-Oudé et Mourmansk, plus de 45 organisations féministes différentes s’élèvent contre la guerre. « Nous appelons les féministes et les groupes féministes de Russie à rejoindre la Résistance féministe anti-guerre et à unir leurs forces pour s’opposer activement à la guerre et au gouvernement qui l’a déclenchée. »
Et ce n’est pas tout, l’appel s’étend aux « féministes du monde entier ». Ces féministes ont conquis un pouvoir médiatique ces dernières années « Il est temps de le transformer en pouvoir politique. Nous sommes l’opposition à la guerre, au patriarcat, à l’autoritarisme et au militarisme. Nous sommes l’avenir qui prévaudra. »
Manifestations, campagnes de communication, elles appellent à inonder le monde des appels #FeministAntiWarResistance et #FeministsAgainstWar. La Résistance féministe anti-guerre dispose d’un canal Telegram (en russe).
#FeministAntiWarResistance and #FeministsAgainstWar https://t.co/ygUErUlx3T
— ••• (@oioioiqi) March 1, 2022