Normale revisite les thèmes éternels de l’amour filial et de l’adolescence, mélangeant avec malice rêve et réalité dans une France intemporelle.

Il y a une alternative aux « Trois Mousquetaires » et à « John Wick » au cinéma : elle s’appelle Lucie. Elle vit seule avec son père, William, veuf atteint de sclérose en plaques. Tout pèse sur ses frêles épaules d’adolescente : la gestion de la maison, le collège, le manque d’argent… Sauvée par son imagination débordante, lestée de sa relation pourtant précieuse avec son père, Lucie va-t-elle prendre son envol ?
Choisissant de poser sa caméra dans une banlieue indéterminée et une époque floue, le réalisateur Olivier Babinet parsème aussi son récit de séquences oniriques et fantastiques. Ce parti pris nous éloigne de tout misérabilisme et nous permet de rêver à un autre destin pour Lucie. La poésie surgit aux moments les plus inattendus : une fête nocturne d’ados dans une station-service, un spectacle de fin d’année au collège d’une qualité surprenante (la musique originale du film est signée Jean-Benoît Dunckel), une assistante sociale aux airs de flic américain…
Aux côtés de la jeune Justine Lacroix, toujours juste, on découvre un Benoit Poelvoorde émouvant en père endeuillé, fan de films de zombies de jeux vidéos et fumeur de joints. Le scénario est tiré de la pièce Monster in The Hall de l’écossais David Greig, qui a été apportée au réalisateur par ses deux co-scénaristes et a été écrite dans le cadre d’un atelier d’adolescents aidants un parent isolé malade ou toxicomane. Olivier Babinet raconte que ces adolescents ont accepté que leur atelier devienne une pièce de théâtre à condition « que ce soit drôle et que le public n’ait pas pitié d’eux ». C’est exactement ce que Normale nous offre.
Normale d’Olivier Babinet (France, 87 minutes), co-scénaristes Juliette Sales et Fabien Suarez, avec Juliette Lacroix et Benoit Poelvoorde. Produit et distribué par Haut et Court, en salle le 5 avril.