La commission « femmes, pouvoir et cancer » du Lancet appelle à une «approche féministe» du cancer afin d’éliminer des inégalités qui empêchent de sauver des vies de femmes dans le monde.
Poser rapidement un diagnostic, proposer des soins de qualité : ces deux impératifs pour faire face au cancer sont bien mieux respectés pour les hommes que pour les femmes. Si bien que, selon une étude publiée dans la revue The Lancet, une «approche féministe» du cancer pourrait sauver la vie de 800 000 femmes par an.
« Parmi les 2,3 millions de femmes qui meurent prématurément d’un cancer chaque année, 1,5 million de décès pourraient être évités grâce à des stratégies de prévention primaire ou de détection précoce. » Ces décès « pourraient être évités si toutes les femmes dans le monde entier pouvaient accéder à des soins optimaux contre le cancer. »
Inégalités dans la société
Parce que « L’impact d’une société patriarcale sur l’expérience du cancer par les femmes est largement méconnu», la commission « femmes, pouvoir et cancer » du Lancet* a analysé les décès prématurés dus au cancer chez les femmes âgées de 30 à 69 ans dans 185 pays et assure que les inégalités de pouvoir et dans la société ont des « impacts négatifs retentissants ». L’écart de prise en charge des cancers entre hommes et femmes s’explique par les inégalités plus globales.
Qu’elles soient « patientes, professionnelles de la santé, chercheuses, décideuses politiques et ou soignantes non rémunérées », les femmes sont souvent victimes de discriminations qui se chevauchent et les marginalisent. Appartenant à des catégories sociales plus défavorisées que les hommes, elles ont moins de chances de suivre des parcours de prévention et de soins de qualité. Elles prennent davantage soin des hommes que l’inverse. Les femmes ont moins de pouvoir, moins poste à reponsabilité que les hommes dans la recherche et en médecine…
Bien-sûr les femmes des pays pauvres sont les plus touchées. « Dans les pays à indice de développement humain (IDH) faible, jusqu’à 72 % des décès par cancer chez les femmes étaient prématurés (femmes de moins de 70 ans), par rapport à 36 % dans les pays à IDH élevé. »
Prévention pour le rôle reproductif surtout
Pour souligner l’aspect sexiste des soins, les chercheurs notent que « les femmes restent valorisées pour un rôle reproductif et maternel ». Pour elles, la prévention et la qualité des soins concernent surtout les cancers gynécologiques alors que le cancer du poumon et le cancer colorectal sont parmi les trois principales causes de décès par cancer chez les femmes. « Environ 300.000 femmes de moins de 70 ans meurent chaque année d’un cancer du poumon et 160.000 d’un cancer colorectal : deux des trois premières causes de décès par cancer chez les femmes dans le monde. » L’étude précise que, « dans beaucoup de pays à revenu élevé, les décès dus au cancer du poumon chez les femmes ont été plus nombreux que les décès dus au cancer du sein. » Les campagnes de prévention du cancer pour les femmes sont fortes pour le cancer du sein et d’autres cancers gynécologiques. En revanche, les femmes sont les cibles privilégiées de « l’industrie du tabac et de l’alcool », ce qui augmente leurs facteurs de risque de cancer.
Des politiques spécifiques au genre
Les chercheur.es appellent les gouvernements à « contrecarrer ces actions par des politiques spécifiques au genre qui augmentent la sensibilisation et réduisent l’exposition à ces facteurs de risque ».
Il y a urgence. « Sur les 3 millions d’adultes chez qui un cancer sera diagnostiqué avant l’âge de 50 ans, deux sur trois seront des femmes », a déclaré le Dr Verna Vanderpuye, coprésidente de la commission.
La commission « femmes pouvoir et cancer » du Lancet appelle à un nouvel agenda féministe pour la lutte contre le cancer afin d’éliminer l’inégalité entre les sexes. Elle plaide pour que le sexe et le genre soient inclus dans toutes les politiques et lignes directrices relatives au cancer.
Elle préconise également des stratégies visant à sensibiliser davantage les femmes aux facteurs de risque et aux symptômes du cancer, ainsi qu’un accès plus équitable au dépistage précoce, au diagnostic et au traitement du cancer. Une «approche féministe» du cancer pour éliminer ces inégalités
* La commission « femmes pouvoir et cancer » du Lancet réunit une équipe multidisciplinaire et diversifiée provenant du monde entier. Elle comprend des expert.es en études de genre, en droits humains, en droit, en économie, en sciences sociales, en épidémiologie, en prévention et en traitement du cancer, ainsi que des défenseur.es des patients, afin d’analyser la manière dont les femmes du monde entier vivent le cancer.
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1 Commentaire
C’est exact. La femme est dans le service aux autres et sa santé passe après, puisque la tradition l’a reléguée dans ce statut