Pendant les vacances d’été nous vous proposons une revue de presse hebdomadaire. Cette semaine, notre sélection d’informations commence par le discours magistral de l’élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez aux Etats-Unis. Elle dénonce une culture qui permet les violences sexistes. Et la suite confirme qu’on n’en a pas encore fini avec ce « système » partout dans le monde.
# Mais avant, deux perles de sexisme ordinaire dans l’info
–Ouest-France fait un titre qui confirme ce que l’interviewée dénonce : « Une professeure d’histoire à l’université d’Angers interroge l’invisibilisation des femmes du passé ». Cette professeure a pourtant un prénom et un nom : Christine Bard. Mais c’est « une femme » (Lire dans LNN : « UNE FEMME », L’EXCEPTION QUI CONFIRME LA RÈGLE « SANS FEMME »)
-Quand le 28 minutes d’Arte invite la naturaliste et photographe passionnée du sauvage, Béatrice Kremer-Cochet, le portrait qui lui est consacré parle d’abord longuement de son mari…
# Discours d’Alexandria Ocasio-Cortez contre la culture de l’impunité applaudi…
Après avoir été traitée de « salope » par un élu républicain, Alexandria Ocasio-Cortez, démocrate, a pris la parole de façon très solennelle. « Il y a une culture de l’impunité, d’acceptation de la violence et du langage violent contre les femmes dans toute la structure du pouvoir qui soutient cela » Claire, digne, sans concession, elle a été applaudie partout dans le monde. Brut à isolé ce discours à écouter absolument
Traitée de "fucking bitch" par un membre du Congrès américain qui s'était ensuite "excusé" en citant sa femme et ses filles, Alexandria Ocasio-Cortez n'a pas laissé passer l'occasion pour réagir. Voici sa réponse. pic.twitter.com/q5gv9UEkag
— Brut FR (@brutofficiel) July 23, 2020
…Christophe Girard démissionne, est ovationné. Des élues féministes sont conspuées.
Le « système », la « culture » dénoncés par l’élue états-unienne sont aussi ceux qui ont permis, en France, à Matzneff de vivre de ses écrits pédo-criminels et de commettre des viols sur mineur.e.s en toute impunité. Aujourd’hui, un homme politique qui a fait partie de ce système est dénoncé.
Histoire complexe. Début juillet, Christophe Girard, élu à la mairie de Paris depuis 2001 était à nouveau nommé adjoint à la culture. Sa démission a été demandée par des militant.e.s et élu.e.s féministes notamment lors d’une manifestation le 23 juillet. Début 2020, le livre d’une victime de l’écrivain pédo-criminel Matzneff dénonçait l’homme et le milieu de la culture qui maquillaient ses crimes en «mœurs libres» dans les années 80 (Lire ici ). Depuis Matzneff est visé par une enquête pour « viols sur mineurs ». Christophe Girard a été entendu par les policiers début mars. Pour les manifestant.e.s, il était inacceptable qu’un homme ayant participé au financement de Matzneff et permis de faire de lui une star de la littérature reste à ce poste. Le Parisien explique l’affaire et Marine Turchi, journaliste à Médiapart a résumé ici le soutien de Christophe Girard à Matzneff : lorsqu’il était secrétaire général de la fondation Yves-Saint-Laurent il assurait le paiement des hôtels où se rendait l’écrivain avec ses victimes; élu, Girard est intervenu pour que Matzneff obtienne une allocation annuelle à vie du Centre national du livre… Un nouvel article de Médiapart affirme que des notes de frais de Girard invitant Matzneff en 2016 et 2019 auraient été retrouvées à la Mairie de Paris reprend BFM ici.
Sous la pression, l’adjoint à la culture a décidé de démissionner tout en dénonçant les accusations à son encontre.
La manifestation du 23 juillet a fâché la maire Anne Hidalgo, en colère notamment contre la pancarte : « Mairie de Paris : bienvenue à pédoland ». Elle a annoncé saisir la justice pour « les graves injures publiques » et a affirmé que les deux élues siégeant dans le groupe des Verts au Conseil de Paris, Raphaëlle Rémy-Leleu et Alice Coffin, militantes féministes et nouvelles élues, se plaçaient « en dehors de la majorité municipale. » Elues au sein de l’alliance PS -verts, Raphaëlle Rémy-Leleu a notamment été porte-parole d’Osez le féminisme et Alice Coffin engagée notamment à La Barbe se présente comme « activiste féministe lesbienne ». Cette dernière dit avoir craqué lorsqu’au conseil de Paris, le préfet Lallement a déclenché une ovation pour l’adjoint démissionnaire. Elle a crié « la honte, la honte ». Depuis ces élues reçoivent des torrents de haine mais aussi des ruisseaux de soutien sur les réseaux sociaux avec le hashtag #JeSoutiensAliceCoffin. Sur FranceInfo, Alice Coffin expliquait pourquoi cette affaire était un exemple pour Darmanin et Dupond Moretti. Parmi celles et ceux qui la critiquent pour son action contre Girard, elle compte aussi des soutiens face aux insultes antiféministes et homophobes qu’elle reçoit et a été placée sous protection policière. Des portraits d’elle montrent que tous ses engagements ne sont pas partagés par l’ensemble des féministes : ici dans le Parisien ou l’Obs.
# Darmanin tranquille, suite
Nous avions expliqué: AFFAIRE DARMANIN : POURQUOI LA « PRÉSOMPTION D’INNOCENCE » EST HORS-SUJET. De nouvelles voix demandent que le ministre de l’Intérieur soit démis de ses fonctions. Dans Libération, une nouvelle tribune d’élu.e.s de gauche signée notamment par Clémentine Autain, Manon Aubry, Elsa Faucillon, dénonce un «mépris vis-à-vis de toutes les femmes» et la «double violence» que constitue cette nomination. Dans Mediapart, ce sont plus de 20 000 jeunes citoyennes et citoyens âgés de 13 à 25 ans qui exigent la démission du ministre de l’Intérieur. « Nous sommes la génération #MeToo (…) Cette génération qui n’hésitera pas à crier sa colère jusqu’à ce qu’elle se fasse entendre. Elles et ils n’entendent pas laisser le problème se règler « d’homme à homme » (lire : MACRON ET DARMANIN « D’HOMME À HOMME ») . L’association Pourvoir féministe a saisi mardi 21 juillet le procureur de la République de Lille pour « trafic d’influence », en tant que maire, il aurait échangé faveurs sexuelle contre aide pour obtenir un logement. Pour Libération, c’est une affaire sortie du placard.
# Le ministre de la justice découvre – et conteste- les chiffres des violences sexuelles.
Eric Dupond-Moretti critiqué lui aussi pour son sexisme-qui se dit féministe uniquement parce qu’il est favorable à l’égalité salariale entre femmes et hommes- a montré son ignorance sur les violences faites aux femmes en doutant de chiffres sur ces violences. Ces chiffres venaient pourtant du ministère de la Justice dont il a désormais la charge. (Via un organe qui devrait disparaitre (Lire : DISPARITION DU PRINCIPAL ORGANISME MESURANT LES VIOLENCES SEXISTES ET SEXUELLES) Il a finalement, indique FranceInfo, affirmé sa « détermination à mener une lutte sans merci contre ce fléau des violences au sein du couple, particulièrement indigne de notre civilisation »
#Des maires écolo baissent leur rémunération
Candidates, elles l’avaient promis. Elues maires, elles l’ont fait : à Besançon Anne Vignot, à Strasbourg Jeanne Barseghian, à Poitiers Léonore Moncond’huy ont baissé fortement leur indemnités d’élues. Le Huffington post les a recensées ici
# Menaces sur la Convention d’Istanbul
« La Pologne va sortir du traité européen sur les violences faites aux femmes », a annoncé le ministre polonais de la Justice selon une dépêche de Reuters reprise ici par FranceInfo. Adopté en 2011 par le Conseil de l’Europe, ce texte est connu sous le nom de « convention d’Istanbul » sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. L’Europe s’indigne affirme LCI ici
En Turquie, des femmes ont manifesté dimanche pour exprimer leur attachement à la Convention d’Istanbul. Des responsables du parti au pouvoir avaient suggéré que la Turquie se retire de ce traité. Indique une dépêche AFP reprise par La Liberté ici
A noter aussi : la France a été épinglée fin 2019 pour ses insuffisances dans l’application de la convention d’Istanbul (Lire ici)
# Un guide pour la parité dans l’industrie
« Mardi 21 juillet, Agnès Pannier-Runacher, désormais ministre déléguée à l’Industrie, recevait le « Guide des bonnes pratiques innovantes en matière d’égalité femmes-hommes dans les entreprises », en présence d’Elisabeth Moreno, la toute nouvelle ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. » annonce l’Express qui y voit « le signal d’une forte mobilisation gouvernementale en faveur de la parité dans un secteur accusant un gros déficit »
#Sept candidates à des fonctions auxquelles les femmes n’ont pas accès dans l’Eglise catholique
Fédérées au sein du collectif « Toutes apôtres ! », des femmes souhaitent faire entendre « cette moitié de l’humanité réduite au silence ». « Notre geste n’est ni une revendication syndicale ni une déclaration de grands principes, mais un acte salutaire de désobéissance à la doxa ecclésiale » assurent les candidates dans Le Monde
# La pandémie compromet la réduction de l’écart économique entre femmes et hommes selon le FMI
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, tire à nouveau la sonnette d’alarme : les femmes seront davantage touchées par la crise provoquée par le coronavirus : elles travaillent dans des secteurs affectés par la crise et ont du jongler avec les responsabilités familiales et la garde des enfants. Forbes a lu et résumé le propos ici.
Dominique Arbiol directrice de l’École de l’air
« Après avoir été en 1983 la première fille à intégrer l’École des pupilles de l’air en classe préparatoire, et mené carrière au sein de l’armée de l’air jusqu’à être nommée «sous-chef synthèse», un poste clé à l’état-major, elle va devenir, à 55 ans, la nouvelle directrice de l’École de l’air » écrit le Figaro