C’est l’une des nouvelles données publiées par l’Unicef. Les violences sexistes sont trop souvent perçues comme justifiées, et par les filles elles mêmes : près d’une sur deux trouve normal de battre sa femme.
Environ 6 enfants sur 10 dans le monde âgés de 2 à 14 ans – presque un milliard – sont soumis à des châtiments corporels infligés par les personnes qui s’occupent d’eux de manière régulière. Un cinquième des victimes d’homicides dans le monde sont des enfants et des adolescents de moins de vingt ans – surtout des garçons.
Ce sont quelques uns des chiffres choc d’un nouveau rapport de l’UNICEF intitulé « Cachée sous nos yeux » et publié vendredi 5 septembre. L’organisme des Nations Unies pour l’enfance y présente des statistiques inédites sur la violence envers les enfants, à partir des données de 190 pays.
La violence au sein du couple, « la forme la plus commune de violence sexiste envers les filles »
Ce que montrent aussi ces données, c’est aussi que les violences continuent à l’adolescence ; et en particulier à l’encontre des filles. Parmi les filles âgées de 15 à 19 ans dans le monde, près d’un quart (environ 70 millions) ont affirmé avoir été victimes d’une forme de violence physique depuis l’âge de 15 ans.
Parmi ces formes de violence, des actes sexuels forcés. Un peu plus d’une fille sur 10 dans le monde (environ 120 millions) a subi des violences sexuelles à un moment de sa vie. En mars dernier, une enquête réalisée à l’échelle de l’Europe donnait un chiffre similaire (Voir : Une enquête inédite sur l’ampleur des violences de genre).
Dans un monde où plus de 700 millions ont été mariées avant leurs 18 ans, et plus d’un tiers d’entre elles avant même leurs 15 ans, la violence au sein du couple constitue « la forme la plus commune de violence sexiste envers les filles », ajoute l’Unicef. Dans plusieurs pays – Inde, Mozambique,Népal, Pakistan, Tanzanie et Zambie, par exemple – plus de 7 filles sur 10 ont cité leur mari ou partenaire actuel ou passé comme auteur de violences physiques à leur encontre
Près de la moitié des filles justifient le fait de battre sa femme
Le tout dans un climat d’impunité. Car parmi les adolescentes de 15 à 19 ans ayant déjà été victimes de violences physiques et/ou sexuelles, environ 7 sur 10 ont affirmé n’avoir jamais cherché d’aide pour y mettre fin. « Les raisons sont variées, mais de nombreuses filles ont affirmé qu’elles ne se rendaient pas compte que ce qu’elles subissaient était une forme de violence ou qu’elles ne considéraient pas ces violences comme un problème », note l’Unicef.
Pire, même chez les adolescentes la violence est souvent considérée comme justifiée. Les données de l’Unicef suggèrent que près de la moitié des filles de 15 à 19 ans dans le monde (environ 126 millions) pense qu’il est parfois justifié qu’un mari ou un partenaire frappe ou batte sa femme (ou sa partenaire). Elles sont plus de la moitié à intégrer cette idée en Afrique subsaharienne,au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Et jusqu’à à 80% en Afghanistan, en Guinée, en Jordanie, au Mali ou au Timor-Leste. « Étonnamment peut-être », note le rapport, dans 28 des 60 pays disposant de données sur les deux sexes, une plus grande proportion de filles que de garçons pense qu’il est parfois justifié de battre sa femme.
Photo © UN Photo/Martine Perret. Campagne contre la violence de genre au Timor-Leste, 2008