Les footballeuses américaines se rebellent. Cinq des meilleures joueuses ont porté plainte contre leur fédération pour discrimination salariale. Elles gagneraient seulement 40% de ce que reçoivent leurs homologues masculins alors que leur palmarès est bien plus élogieux.
Les footballeuses américaines gagneront-elles des millions de dollars d’arriérés de salaire ? Cinq des plus grandes footballeuses américaines, Carli Lloyd, meilleure joueuse 2015, Becky Saerbrunn, co-capitaine, Alex Morgan, attaquante, Hope Solo, gardienne et Megan Rapinoe, milieu de terrain, ont déposé une plainte fédérale pour discrimination salariale contre l’organisme régissant ce sport aux USA, US Soccer. Cinq stars qui assurent parler au nom de toutes. Plusieurs de leurs coéquipières, entre autres noms, s’engagent d’ailleurs sous le mot-clé #EqualPlayEqualPay – à jeu égal, salaire égal.
L’équipe féminine de football américaine est championne du monde en titre et détient un palmarès impressionnant, contrairement à l’équipe masculine. Pourtant, les joueuses « sont payées beaucoup moins », a déclaré leur avocat, Jeffrey Kessler, au NewYork Times qui a révélé l’affaire jeudi 31 mars. Ici, il est question de rentabilité, les joueuses affirmant que l’équipe féminine est le moteur économique de US Soccer. « C’est une question d’égalité », explique Hope Solo sur NBC. « C’est notre responsabilité de faire pression pour l’égalité salariale ». « Nous avons prouvé notre valeur », renchérit Carly Lloyd. « La disparité des salaires entre hommes et femmes est vraiment trop grande ».
Pour leurs matchs sous les couleurs nationales les joueuses recevraient en moyenne 40% de moins que les hommes en salaires et primes de la part de la fédération. Un joueur américain gagnerait au moins 6 000$ pour un match amical et jusqu’à plus de 17 000$ pour une victoire contre un adversaire mieux classé. Chez les femmes les sommes ne dépassent pas les 5 000$. Et ce traitement différencié se retrouve aussi dans les déplacements, les voyages, les vols, les hôtels… les joueuses seraient d’office sous-classées par rapport aux hommes.
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Le journaliste Jonathan Tannenwald note une autre donnée qui fait mal : le sélectionneur de l’équipe masculine Jürgen Klinsmann gagne autant que l’ensemble des joueuses de l’équipe féminine :
Item: Depending on how you add up the bonus structure, Jurgen Klinsmann makes about the same or more than the entire USWNT combined.
— Jonathan Tannenwald (@thegoalkeeper) March 31, 2016
Au-delà des questions financières, en arrière plan, plusieurs situations ont révélé une non-considération de la santé même des joueuses de l’équipe féminine. En amont de la Coupe du Monde de 2015 elles s’étaient élevées contre la tendance à jouer des matchs sur gazon artificiel, une surface plus dangereuse que les hommes ne foulent pas.
Mais, note le New York Times, « le US Soccer pourrait avancer que le salaire des joueuses est collectivement négocié et que les joueuses sont d’accord sur toutes ces questions, y compris la rémunération et les conditions de travail comme, par exemple, jouer sur un gazon artificiel ».
Dans tous les cas, la plainte des cinq joueuses sera soumise à l’Equal Employment Opportunity Commission (EEOC), organisme responsable de « l’application des lois fédérales qui rendent illégale la discrimination contre un employé en raison de la race, la couelur, la religion, le sexe de la personne, l’origine nationale, l’âge, le handicap ou l’information génétique ».
Toujours selon le New York Times, le E.E.O.C pourrait « demander réparation au nom de l’équipe nationale sous la forme d’un règlement négocié ou avec les acteurs de la cour fédérale » et alors forcer le US Soccer à rendre des millions de dollars d’arriérés de salaire. Inédit.
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