Des signatures dénoncent l’incitation au viol conjugal, dernière provocation du pédiatre Aldo Naouri via le magazine Elle. Nombreuses réactions.
Le médecin et écrivain Martin Winckler, le médecin sexologue Yves Ferroul, la sociologue Julie Bonnet, les journalistes Diane Saint-Réquier ou Sophie Gourion… et des dizaines d’autres s’indignent, dans une lettre ouverte sur le site Acontrario.net, des propos du pédiatre Aldo Naouri récemment publiés sur le site du magazine Elle. Depuis sa publication le 29 mars ce bref article suscite des commentaires révoltés.
Très présent médiatiquement après la parution d’un nouvel ouvrage, Aldo Naouri évoque dans cet entretien un homme se plaignant que sa femme ne fasse plus l’amour après la naissance d’un bébé. Il raconte alors qu’il lui a conseillé « en exagérant : ‘Violez-la !’ ». Et de poursuivre : « C’était excessif mais c’était une manière de dire : allez-y, foncez, ça viendra bien ! D’ailleurs, à ces mots, le visage de la femme s’est illuminé ! »
Une incitation au viol conjugal, en somme. « L’argument d’Aldo Naouri, qui allègue que ‘c’était évidemment une provocation’ ne constitue en aucun cas une explication acceptable, et n’invalide pas le fond de son propos : nous sommes bien en présence d’un médecin qui considère l’incitation au viol comme un outil thérapeutique pertinent », soulignent les signataires qui demandent « le retrait de ces propos et des excuses conjointes d’Aldo Naouri et de la rédaction du magazine ELLE. »
Mise à jour 1: le magazine s’est fendu d’une réaction dans la journée, en expliquant qu’il s’agissait dans cette interview de « demander des comptes » à Aldo Naouri sur cette anecdote qu’il rapporte dans son livre.
Mise à jour 2 : Attaque aux confettis : Mardi soir, alors qu’il dédicaçait son livre à la Fnac Montparnasse à Paris, quelques militantes ont décidé de perturber le cérémonial. Rien de dangereux : envoyer sur l’auteur quelques confettis et, semble-t-il, des tampons périodiques imbibés de peinture rouge. L’une d’elle, qui prenait des photos a été sortie par un vigile puis amenée au poste de police, racontent les militantes. Pas de plainte déposée finalement mais les photos ont été confisquées… Le médecin, lui, peut continuer à parler de viol avec le sourire.
Mise à jour 3 : Des poursuites ? Quatre associations ont adressé un courrier à la ministre de la justice pour demander que le ministère public poursuive le pédiatre dont les propos constituent une « infraction au Code pénal. »
L’article 24 de la loi sur la presse punit de « cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ceux qui (…) auront directement provoqué, dans le cas où cette provocation n’aurait pas été suivie d’effet, à commettre l’une des infractions suivantes : « les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne et les agressions sexuelles [y compris donc le viol] définies par le livre II du code pénal ».
L’article 23 de la même loi dispose quant à lui que « seront punis comme complices d’une action qualifiée crime ou délit ceux, qui soit par des discours (…) des écrits (…) vendus ou distribués (…) auront directement provoqué l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été suivie d’effet »
Les associations ont mis en ligne une pétition ici.