Le jeune député Robin Reda juge un rappel au règlement de la présidente de commission Yaël Braun-Pivet « quasi-maternel ». Ou comment récuser le pouvoir chez les femmes.
Voici un jeune garçon qui mériterait d’être privé de dessert pour une bonne semaine ! Le député LR Robin Reda, co-auteur avec Éric Poulliat (LREM), d’un rapport sur l’usage des stupéfiants, n’a rien trouvé de mieux qu’une réflexion misogyne face à un rappel à l’ordre dûment circonstancié par la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet, ainsi que le note LCP.
Avant de donner la parole aux deux députés pour la présentation de leur rapport, mercredi 24 janvier, Yaël Braun-Pivet a évoqué la communication sur les travaux des commissions parlementaires : pas de publicité sans l’autorisation du bureau de la commission. Or, les deux députés se sont répandus dans les médias depuis décembre, avant communication à la commission, et ceci malgré un premier rappel à l’ordre de la présidente début janvier. Yaël Braun-Pivet a donc rappelé le règlement de l’Assemblée nationale et signifié aux deux députés qu’ils avaient outrepassé leurs fonctions.
Première réponse de Robin Reda avec un sourire hautain: « Merci pour ces rappels au règlement quasi-maternels ». « J’adore vos réflexions misogynes », réagit la présidente (notons au passage que Yaël Braun-Pivet a sorti aux dernières législatives le récidiviste Jacques Myard, spécialiste des remarques graveleuses et des insultes). « Je dis ça parce que vous pourriez être ma mère », poursuit le député.
Qu’aurait-il dit si la présidence de la commission avait été tenue par un homme ? Il se serait contenté, sans doute, des tentatives de justifications qu’il donne après cette réflexion.
Dans Femmes, le pouvoir impossible, Marie-Joseph Bertini décrit les cinq figures du féminin – la Muse, la Madone, l’Égérie, la Mère, la Pasionaria – qui reviennent systématiquement dans les discours quand on parle d’une femme. Cinq figures qui définissent les femmes en dépit de leurs fonctions et empêchent que leur autorité soit reconnue dans les sphères du pouvoir.
Celle de la mère est redoutable. Dans l’imaginaire collectif, la mère, c’est celle qui soigne, nourrit, écoute, prévient, aide, console… Autant de fonctions qui ne coïncident pas avec l’exercice du pouvoir, lequel nécessite autorité pour décider, imposer.
« Une femme de pouvoir n’est pas forcément une figure maternelle », a réagi la Secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes.
https://twitter.com/MarleneSchiappa/status/956292687476527104
Au-delà de l’inélégance de l’allusion à l’âge de la présidente, Robin Reda montre que la jeune génération de députés n’est toujours pas prête à accepter des femmes au pouvoir.
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