Elles ne veulent plus être dépeintes comme des épouvantails à ambition féminine. Sheryl Sandberg, n° 2 de Facebook, et d’autres leaders lancent la campagne « Ban bossy », « Bannissons le mot ‘autoritaire’ ».
« Quand un petit garçon a un comportement très affirmé, il est qualifié de « leader ». Si une petite fille fait la même chose elle risque d’être stigmatisée, qualifiée de ‘bossy’ » un adjectif à connotation très négative pour dire « autoritaire ». Et ces images dissuadent les femmes de devenir « boss ». C’est de ce constat qu’est partie la campagne de communication #banbossy, bannir ‘bossy’, initiée par « Lean in », l’association fondée par Sheryl Sandberg. La numéro 2 de Facebook, poursuit ainsi le message de son livre (Voir : Sheryl Sandberg invite les femmes à aller de l’avant) avec les girls scout of America et de nombreuses stars.
Changer les mots pour changer le monde
« Des mots comme ‘bossy’ envoient aux filles un message inhibant : ne lève pas la main, ne prend pas la parole. Cela leur donne moins envie qu’aux garçons de devenir leader. Et ça continue à l’âge adulte.» disent Condoleezza Rice, Diane von Fürstenberg, Jane Lynch, Jennifer Garner, Beyoncé… dans un premier clip. Dans un second, des adolescentes craignent de passer pour antipathiques si elles affichent l’ambition de devenir dirigeantes et comprennent qu’il faut « changer les mots pour changer le monde » Des clips réalisés par Lifetime et BBDO New York.
Et quand les filles ne se comportent pas avec la docilité qu’on attend d’elles, elles ont aussi droit à ce que Sheryl Sandberg appelle « l’autre b-word », « bitch » (« salope ») comme elle l’explique sur abc news (voir plus bas).
En France comme aux Etats-Unis…
Cette mise à mort des ambitions des femmes par les mots fonctionne aussi bien en France qu’aux Etats-Unis. Sorcière ou garce, c’est à peu près tout ce que l’imaginaire collectif propose pour définir les femmes de pouvoir. Ce qu’expliquait très bien notamment Marie-Josephe Bertini dans « Femmes. Le pouvoir impossible » Elle note par exemple que « pasionaria » qui est utilisé pour qualifier les femmes de pouvoir n’a pas d’équivalent masculin. Or, une pasionaria est gouvernée par la passion et pas par la raison. Elle est un peu dingue en somme. Un mot efficace pour dissuader celles qui voudraient s’approcher des cimes du pouvoir… Plusieurs études, dont une réalisée par l’Ims avec le Medef montre que les femmes comme les hommes ont une image négative des dirigeantes (Voir : L’entreprise s’attaque aux stéréotypes). Et cet imaginaire est sans cesse alimenté (comme le montre notre rubrique sexisme ordinaire).
… Le fantasme sur la théorie du genre en plus
Mais aux Etats-Unis des initiatives comme celle-ci n’essuient pas le même genre de critique qu’en France. Alexandra Petri dans le Washington Post trouve que la solution prônée est un peu légère et observe que les personnes qui veulent bannir « Bossy » ne sont pas celles qui aujourd’hui bloquent les carrières des femmes. La plupart des critiques portent sur le risque d’inefficacité du message. On est loin du débat délirant sur le genre qui a agité les esprits ces derniers temps (Voir par exemple : Julien Dray gagné par la peur de l’émasculation) ou aux accusations de « polpotisme » qui se multiplièrent dès qu’il a été question de sensibiliser divers publics aux stéréotypes (Voir : Zemmour = Polony + 24 heures).
Sur ABC News