
Photo : Joseph Melin – Reportage sur la crèche des Deux Lions, à Saint-Maur-des-Fossés (94). CG94 photos sur Flickr
Pour la première fois, le gouvernement annonce un objectif chiffré de nouvelles places en crèche : « de 80.000 à 100.000 places sur le quinquennat ». Loin des attentes.
Najat Vallaud-Belkacem sur tous les fronts. Dans un entretien aux Échos, publié jeudi 25 avril, la ministre des Droits des femmes revient sur la politique du gouvernement en matière d’égalité professionnelle (au lendemain de l’annonce des premières sanctions), mais aussi sur la réforme du congé parental, qui sera inscrite dans la loi cadre sur les droits des femmes attendue le mois prochain.
Une réforme « équilibrée », juge Najat Vallaud-Belkacem qui en précise les contours : « La durée maximale du congé restera de trois ans, mais une partie, sans doute six mois, devra être prise par le deuxième parent. » Tandis que « pour le premier enfant, la durée maximale, aujourd’hui de six mois, pourra être doublée : il y aura six mois supplémentaires proposés au deuxième parent pour favoriser le partage ». Des pistes déjà connues depuis début mars (Voir : Pas de révolution pour le congé parental).
« Politique du chiffre », première
Mais la ministre évoque un élément nouveau : cette réforme devrait permettre de créer de nouvelles places en crèche. En effet, les pères ne prendront pas tous, et pas tout de suite, les 6 mois qui leurs seront dévolus. « Les marges de manœuvre financières laissées par cette montée en charge progressive serviront à construire des places de crèche supplémentaires », annonce Najat Vallaud-Belkacem. Et d’évoquer ce chiffre : « un objectif de 80.000 à 100.000 places sur le quinquennat serait à la fois ambitieux et réaliste. »
C’est la première fois que le gouvernement évoque un objectif chiffré de créations de places en crèche. La ministre de la Famille, Dominique Bertinotti, s’était par le passé déclarée opposée à toute « politique du chiffre » quant à l’accueil de la petite enfance, la priorité étant la correction des inégalités territoriales.
Manque pas comblé
L’annonce de cet « objectif de 80.000 à 100.000 places » par Najat Vallaud-Belkacem risque toutefois d’être accueillie avec davantage d’amertume que de soulagement : les professionnel-le-s du collectif « Pas de bébé à la consigne » réclament la création de 400 000 places d’accueil pendant le quinquennat. Le manque de places est estimé entre 300 000 et 500 000.
Mais pour atteindre ne serait-ce que les 100 000 places annoncées, encore faudra-t-il « une augmentation significative du budget en la matière », laisse entendre la ministre, qui dit partager ce souhait avec Dominique Bertinotti. Mais, on l’imagine, pas forcément avec Bercy…
« Il faut y ajouter l’effort fait pour recréer des places de maternelles pour les deux-trois ans, quand le gouvernement précédent en avait supprimé 13.000 par an », conclut Najat Vallaud-Belkacem. Les créations de postes envisagées en maternelle permettraient de scolariser 60 000 enfants de moins de trois ans supplémentaires d’ici à la fin du quinquennat (Voir : 3 000 postes (seulement) pour scolariser les moins de 3 ans).
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