Les sujets du baccalauréat ne s’adressent qu’au « candidat ». Quid des 213.000 candidates ? Les militantes du réseau Encore féministes ! interpellent la ministre de l’Éducation nationale dans une lettre ouverte et exigent l’évolution des usages pour inclure tous les bacheliers et bachelières.

Lors des épreuves du baccalauréat, qui ont débutées le 16 juin, les élèves de terminale ont pu remarquer que les sujets ne s’adressaient qu’aux candidats. Philosophie, histoire-géographie, SVT, latin et grec ancien et même l’EPS, toutes les matières ont fait le choix de formuler ainsi leur intitulé : « le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivant », « le candidat sera attentif aux consignes » ou encore « le candidat traite obligatoirement l’exercice 1 et l’exercice 2 ». Eliane Viennot, Florence Montreynaud et Marie-Noëlle Bas, membres du réseau Encore féministes ! s’indignent dans une lettre ouverte, publiée sur le site de 50/50 magazine, adressée à Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale.
Une majorité de candidates
Cette année, en 2025, sur les 386.135 élèves de terminale de la filière générale qui ont passé le bac, près de 213.000 étaient des filles, soit 55 %. Dans leur lettre ouverte, les autrices affirment que « 213.000 candidates ont été niées dans leur identité sexuée ».
Les militantes sont d’autant plus indignées que plusieurs circulaires, datant de 1986, 1998, 2017 et 2021, ouvraient la voie à l’évolution des usages. La circulaire du 21 novembre 2017, relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel de la République française, « appelle même expressément à recourir « à des formules telles que “le candidat ou la candidate” afin de ne pas marquer de préférence de genre », rappellent les signataires de la lettre ouverte. « Certes, cette circulaire concerne les textes publiés au Journal officiel, mais si l’Éducation nationale ne travaille pas elle-même à la généralisation de ces usages, qui le fera ? », insistent-elles. Sur Facebook, Eliane Viennot, historienne de la littérature, ajoute même : « Heureusement qu’on a UNE ministre, parce que sinon… Et combien de fonctionnaires ont vu passer ça sans moufter ? Le monde masculiniste, ces gens-là n’en ont pas encore assez mangé ? Et ils ne connaissent pas les circulaires, y compris celles émises par leurs ministres ? ».
La forme au masculin n’est pas une fatalité, ni même une obligation, mais bien un choix. La solution aurait pourtant été simple : « il aurait suffi d’écrire : « Vous traiterez, au choix, l’un des trois sujets suivants », proposent les militantes, avant de conclure : « nous vous demandons de veiller à une rédaction égalitaire des textes émanant de vos services ».
Le bac pour des hommes par des hommes
L’accès des femmes au baccalauréat est un long combat. C’est en 1861, soit 53 ans après la création de l’examen en 1808, que la première femme, Julie-Victoire Daubié, s’y présente, alors âgée de 37 ans, et le réussit. Mais elle reste une exception. C’est seulement à partir de 1924 que l’on enseigne le même programme aux filles et aux garçons qui sont donc soumis aux mêmes épreuves. Cette réforme encourage davantage de filles à poursuivre leurs études en enseignement secondaire. Et dans les années 1960 il y a autant de bachelières que de bacheliers. En 2025, elles sont désormais plus nombreuses.
Elles sont aussi plus nombreuses à réussir l’examen que leurs camarades masculins. En 2024, elles sont 96,5% a obtenir leur bac général, contre 95,1% pour les garçons. Conserver une forme masculine unique dans les intitulés des sujets, alors même que les candidates sont plus nombreuses, c’est aussi une manière d’invisibiliser le combat des femmes pour accéder à une éducation identique et égale aux hommes. « Continuer à s’adresser au masculin à des filles et à des femmes, c’est faire perdurer la domination masculine. C’est entraver la réalisation du projet de la République dont l’égalité est l’un des fondements », concluent Eliane Viennot, Florence Montreynaud et Marie-Noëlle Bas dans leur lettre.
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