En mars dernier, Nina Childress et Tania Mouraud ont été élues à l’Académie des beaux-arts de Paris, elles sont les premières femmes dans la section peinture. Installée le 25 juin, Nina Childress a voulu une cérémonie aux accents féministes.
L’Académie des beaux-arts de Paris n’est plus un boy’s club avec des personnalités comme la réalisatrice Coline Serreau qui la préside, la chorégraphe Carolyn Carlson ou encore l’architecte Anne Démians. Mais la section peinture n’avait jusqu’ici accueilli aucune femme depuis sa fondation en en 1816.
Changement : deux femmes ont été élues dans cette section en mars dernier : la peintre Nina Childress et la plasticienne Tania Mouraud. Et la première a été installée le 25 juin lors d’une cérémonie remarquée.
La section peinture compte désormais deux femmes et sept hommes. Au total, l’Académie des beaux-arts compte 67 membres dont 17 femmes.
« Madame la présidente » Coline Serreau
La cérémonie solennelle qui marquait son entrée sous la coupole était empreinte de féminisme, Nina Childress a souligné, à plusieurs reprises quelques progrès en se disant heureuse de pourvoir dire aujourd’hui, « madame la présidente » de l’Académie des Beaux-Arts, Coline Serreau et remercier Catherine Meurice de l’avoir présentée.
Elle a voulu revêtir « Un habit qui porte un message social et féministe ». Au lieu de porter l’habit vert, elle a créé une tenue avec le studio de design About a worker. Sans trop s’éloigner des exigences d’un arrêté de 1801 écrit à une époque où seuls les hommes avaient leur place sous la Coupole : « habit, gilet ou veste, culotte ou pantalon noirs, ornés de broderies en feuilles d’olivier en soie vert foncé, chapeau à la française ».
Académicienne en habit féministe
Inspiré de son style pop art, elle a opté pour un tailleur ceintré à la taille, très confortable -comme un vêtement de travail -en coton elasthane. Le studio de création a travaillé avec « la maison des femmes » une association qui aide notamment des victimes de violences sexistes et sexuelles. Au cours d’ateliers créatifs, les participantes ont imaginé de nouvelles formes pour les branches d’olivier et l’artiste, fidèle à son style a choisi de faire broder des feuilles d’olivier fluorescentes.
Au lieu de recevoir la traditionnelle épée, la peintre a opté pour une « baguette magique en acier en référence à la “magie de la peinture”, elle s’éclaire et les LED ultraviolet font briller les olives et les étoiles brodés sur sa tenue d’académicienne » a indiqué l’Académie.
Pop art, abstraction ou hyperréalisme
L’artiste qui a été musicienne avant d’être artiste peintre avait créé un groupe post-punk sous le nom de Nina Kuss. L’Académie des Beaux Arts la présente ainsi : « Son oeuvre emprunte ses sujets à la culture populaire, savante mais également à son histoire personnelle. Elle utilise notamment des photographies qu’elle collecte dans les magazines et sur internet ou s’empare d’images iconiques. Sa pratique picturale n’a cessé de se renouveler et d’emprunter tous les modes de représentation : pop art, abstraction ou hyperréalisme, objets du quotidien ou autoportraits. Elle utilise une palette vive ainsi qu’une peinture fluorescente et phosphorescente. »
Nina Childress a beaucoup mis en lumière des icônes pop, comme Sylvie Vartan, France Gall, Jane Birkin ou encore Karen Cheryl et Karen Carpenter. Ces deux dernières artistes ont dû renoncer à des carrières de batteuses pour vivre dans le milieu de la musique qui ne les acceptait que si elles se conformaient aux normes de féminité.
Catherine Meurisse a tenu à saluer l’engagement féministe de Nina Childress : “Votre féminisme n’est pas surligné, il est naturel, évident. »
La cérémonie