Le sixième baromètre annuel de l’association Donner des Elles à la santé alerte : la lente diminution des comportements de discrimination « au quotidien » observée depuis 2021 est stoppée net. Certains comportements sexistes repartent à la hausse.
Les chiffres surélevés des discriminations subies par les femmes en milieu hospitalier ne diminuent que très lentement : elles étaient 82 % à estimer avoir été discriminées en raison de leur sexe au cours de leur carrière en 2023 (lire aussi : L’hôpital malade du sexisme), elles sont encore 78 % aujourd’hui. Plus inquiétant encore, au cours de la seule année 2025, elles sont plus nombreuses (une sur trois) à affirmer avoir subi des discriminations à l’hôpital qu’en 2024.
Des discriminations au quotidien…
Le rapport de cette enquête de l’association Donner des Elles à la santé commandée annuellement à l’Ipsos le déplore : « Pour la première fois depuis 2021, la baisse quasi-continue de la plupart des comportements discriminatoires marque un coup d’arrêt, voire s’inverse ». En effet, l’attitude des médecins hospitalières au travail est régulièrement critiqué. ¾ des professionnel·le·s interrogé·e·s témoignent avoir déjà observé les femmes médecins se voir « reprocher de ne pas savoir s’imposer face aux hommes, que la maternité les empêchera d’accéder à des postes à responsabilité, ou encore qu’elles manquent d’ambition professionnelle ».
Pourtant, les perceptions des femmes et des hommes continuent à se différencier : selon l’enquête, les hommes médecins « minimisent fortement [les] comportements soulignés par les femmes, avec des écarts allant parfois du simple au double ». Au contraire, les médecins hospitalières, premières concernées, perçoivent une augmentation de ces comportements.
Par ailleurs, l’hôpital n’est pas épargné par les violences sexistes et sexuelles (VSS). 53 % des femmes médecins affirment avoir subi des gestes ou des paroles inappropriés, « un nombre beaucoup plus élevé […] qui pourrait être [dû] à une plus forte prise de conscience des situations subies ». Si ces femmes tendent à dénoncer plus fréquemment ces agressions, il n’y a toujours pas de véritable libération de la parole dans le milieu hospitalier : moins d’une sur dix déclare en avoir parlé à ses supérieur·e·s hiérarchiques, et plus de deux sur cinq confirment n’en avoir jamais parlé à personne.
…qui affectent les carrières des femmes dans le milieu hospitalier
Ces discriminations et agressions contre les femmes médecins influent à la fois sur leur carrière et sur leur vie personnelle. 54 % des victimes de VSS en milieu hospitalier évoquent les « impacts importants » que ces violences ont eu dans leur vie : « une femme sur quatre a développé des problèmes de santé mentale ou des troubles du sommeil » à la suite d’une agression, mais seulement 2 % d’entre elles ont eu recours à un·e spécialiste de la santé mentale pour traverser cette épreuve.
La perspective de la maternité chez certaines femmes constitue un obstacle à leur progression vers des postes à haute responsabilité. Si près de quatre médecins sur dix se sont vu proposer une promotion, cela ne concerne que 37 % des femmes de moins de 45 ans contre 58 % des hommes de la même tranche d’âge. Une médecin hospitalière sur dix affirme d’ailleurs s’être « vu refuser un poste avec davantage de responsabilités au motif qu’elle était une femme, avec comme principales raisons évoquées la nécessité de ne pas avoir de contraintes familiales, ou le risque de tomber enceinte ». « Deux femmes médecins sur cinq ont évoqué le sujet avec leur supérieur hiérarchique et une sur trois s’est vu conseiller de ne pas prendre de congé maternité sur une période donnée », ajoutent les auteurs de l’enquête, « le sujet de la grossesse ou des projets d’enfants est évoqué pour 40 % des femmes (tous âges confondus), seulement pour 18 % des hommes, soit plus de deux fois moins ». Résultat : l’item « ralentissements dans la carrière professionnelle » a progressé de dix points chez les femmes par rapport à 2024.
