Devant l’ONU, l’ambassadrice Guila Clara Kessous a réclamé l’instauration de quotas pour la parité dans les organisations internationales. L’espoir pour une diplomatie féministe renait.

Saviez-vous qu’un accord international a 35% de chances supplémentaires de perdurer lorsque les femmes sont impliquées dans les négociations ? Pourtant, elles sont encore largement minoritaires à prendre part à ces processus. Afin d’y remédier, Guila Clara Kessous, nommée artiste et ambassadrice pour la paix de l’UNESCO en 2012, a formulé une résolution devant l’ONU lors des peace talks, organisés le 10 septembre 2025. Sa demande ? Des quotas pour assurer la parité dans les organisations internationales.
Une minorité de femmes dans les négociations internationales
De 1992 à 2019, les femmes représentaient 13 % des négociateurs, 6 % des médiateurs et 6 % des signataires dans les processus de paix à travers le monde, selon une étude des Nations Unies, publiée en juin 2025. Du côté des chefs d’État et de gouvernement, ce n’est pas mieux, avec seulement 10% de femmes.
Si l’on observe les dernières négociations diplomatiques qui ont fait l’actualité, elles sont incarnées par des hommes. Donald Trump qui humilie Volodymyr Zelensky « comme une femme » à la Maison Blanche. Emmanuel Macron qui reçoit le chancelier allemand Friedrich Merz au fort de Brégançon. La diplomatie féministe est mise à mâle.
Dans sa résolution, Guila Clara Kessous exige donc un seuil minimum de 30% de représentativité de femmes lors des négociations diplomatiques. Elle insiste également sur la nécessité de mesurer annuellement la progression effective de la place des femmes dans les processus de paix et de rendre publiques ces données.
Mettre en place une politique de quotas
Imposer des quotas : bonne ou mauvaise idée ? Au sein des ministères, cette politique commence à faire ses preuves. En 2019, le ministère français des affaires étrangères n’avait pas respecté la législation favorisant la nomination de directrices et d’ambassadrices lors de l’année 2017. Le ministère avait alors dû payer une amende de 450 000 euros, soit 90 000 euros par nomination manquante, soit cinq au total. Par la suite, une politique de quotas a été imposée. Résultat : depuis 2019, la proportion d’ambassadrices, de consules et de sous-directrices progresse.
Le site du ministère indique que les primo-nominations de femmes sur des emplois supérieurs sont passées de 34% en 2022 à 40% en 2023, puis à 46% en 2024. Du côté des Ambassadeurs et Ambassadrices nommés pour la première fois, 52% étaient des femmes en 2024, ce qui veut dire qu’il y a désormais 36% des postes d’Ambassadeur et Ambassadrice occupés par des femmes. Pour les Consuls généraux, dans le haut encadrement en administration centrale (secrétaire générale, directeurs généraux et directeurs d’administration centrale), 45% sont des femmes.
Le chemin vers la parité ne progresse pas qu’en France. Lors d’une réunion tenue en marge de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale de l’ONU, organisée du 22 au 24 septembre 2025, sous le thème « Les femmes bâtissent la paix à l’ère des crises et des conflits armés : comment les approches féministes de la politique étrangère peuvent faire progresser le maintien et la consolidation de la paix (FFP+) », le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, s’est exprimé sur la nécessité d’intégrer davantage les femmes dans les processus de paix et de résolution des conflits armés. Lors de sa prise de parole, le ministre s’est félicité de l’augmentation de femmes impliquées dans la diplomatie marocaine aujourd’hui : elles représentent 48 % des effectifs, 49 % des postes de responsabilité à l’administration centrale, 21 % des ambassades et 40 % des consulats généraux.
Les revendications de Guila Clara Kessous n’ont aucun effet contraignant immédiat. Mais l’ambassadrice a pour projet de présenter sa résolution lors de la 61e session des Conseils des droits de l’homme en 2026. Si une diplomatie féministe peine à s’imposer, le projet de quotas dans les organisations internationales pourrait permettre de renouveler les voix, pour le moment majoritairement masculines, entendues lors des négociations.
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