L’action de groupe avance chez Safran SE. La cour d’appel de Pau contraint la direction à communiquer les fiches de paie de ses salariés hommes pour mesurer les écarts de salaire avec ses salariées femmes.
Le 9 octobre 2025, le dossier de la possible discrimination salariale chez Safran Helicopter Engines (Safran HE) qui emploie 3.000 personnes à Bordes et 1.500 à Tarnos dans le Sud-Ouest, a franchi une étape décisive. Le tribunal de Pau a rendu une décision ordonnant à l’entreprise de communiquer certains éléments de paie — en particulier des bulletins de salaire des hommes — afin de permettre aux syndicats et au juge de comparer les rémunérations et de vérifier l’existence d’un traitement différencié fondé sur le sexe.
Action de groupe
Cette décision intervient au cours d’un long parcours pour les femmes présumées discriminées depuis plus de 40 ans. La CFE-CGC et la CGT se sont en effet engagé il y a trois ans dans une démarche aboutissant au lancement d’une « action de groupe » contre Safran HE. Ces syndicats réclamant, conformément à la loi, la transparence sur les salaires, avaient formalisé leur demande dès septembre 2022. Une ordonnance du 7 novembre 2024, exigeait déjà la transparence sur la politique salariale, mais Safran HE avait fait appel de ce premier jugement.
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Les écarts de salaires seraient liés à des différences de classification, de promotions ou d’accès à certains postes. Selon les calculs des syndicats, des employées titulaires d’un bac + 2 entrées en fonction à compter de 1980, n’étaient pas embauché à la même classification que leurs collègues techniciens de sexe masculin. Les différences de salaire pouvaient aller jusqu’à 20 %.
Plusieurs dizaines de millions d’euros
Ces différences seraient de 300 euros nets par mois à l’embauche, écarts qui ne font que se creuser ensuite. Ce qui aboutirait, selon les évaluations des syndicats à 200.000 euros sur toute une vie de travail. Multiplié par 500 femmes présumée discriminées, le préjudice total pourrait atteindre des dizaines de millions d’euros. Et d’autres femmes peuvent rejoindre l’action de groupe à tout moment.
La direction de Safran va-t-elle, cette fois-ci communiquer les éléments de paie demandés ? Le journal Sud-Ouest a obtenu un mail d’un responsable de la communication de Safran indiquant que : « Sans préjuger du fond, la cour d’appel a demandé à l’entreprise la production d’informations concernant les rémunérations appliquées en son sein, il s’agit donc d’une mesure d’instruction, commente-t-il. Safran Helicopter Engines conteste toute discrimination. L’affaire sera plaidée et jugée ultérieurement. »
Selon l’avocate mandatée par les syndicats, Me Mendiboure, « même s’ils se pourvoient en cassation, ils doivent quand même produire les éléments demandés. Ils ont trois mois pour ça, sinon ils devront verser 200 euros par jour de retard. »
Sud-Ouest rappelle aussi que, « une loi européenne sur la transparence des rémunérations doit entrer en vigueur en France en juin 2026. »