Un nouveau Premier ministre doit être nommé au Japon… et il se pourrait que ce soit une femme : Sanae Takaichi. Mais la candidate porte une politique ultra conservatrice, anti-féministe et homophobe.

On la présentait comme la « probable future Première ministre japonaise ». Sanae Takaichi, 64 ans et actuelle membre de la Chambre des représentants, a été élue, le 4 octobre, à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), leader de la vie politique du pays depuis 70 ans grâce à une large coalition des partis conservateurs. Elle est la première femme à être proposée pour diriger le gouvernement japonais. Mais sa politique ultra conservatrice et réactionnaire divise au sein de sa coalition, remettant en question son accès au poste de Première ministre.
Une politique anti-féministe
Une femme au pouvoir n’est pas forcément synonyme d’une politique féministe. Dans une nation encore patriarcale, Sanae Takaichi s’oppose à la révision d’une loi datant du 19e siècle qui exige des couples mariés de porter le même nom de famille. Une contrainte qui concerne presque toujours les femmes. Elle ne soutient pas non plus la modification des règles de succession impériale réservées aux hommes. Elle se dit également « fondamentalement opposée » au mariage homosexuel.
Lors de sa campagne pour être élue à la tête du PLD, Sanae Takaichi s’est néanmoins engagée à nommer un gouvernement paritaire, calqué sur le modèle nordique, comme en Islande, en Finlande ou en Norvège. Une configuration qui ne demande qu’à progresser au Japon puisque sur les 20 membres du gouvernement du Premier ministre démissionnaire Shigeru Ishiba, seulement deux sont des femmes, dont l’une est responsable de la politique de l’enfance. À la chambre basse du Parlement, le manque de parité est également criant : les femmes représentent seulement 15% des députés. Reste à voir si Sanae Takaichi tiendra son engagement.
Comme Giorgia Meloni en Italie, Sanae Takaichi au Japon fait partie des rares femmes qui accèdent aux plus hautes responsabilités des gouvernements et qui font preuve de complaisance avec le machisme et délaissent le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
Une femme politique clivante
À l’anti-féminisme de Sanae Takaichi, s’ajoute sa diplomatie agressive contre la Chine et la Corée ainsi qu’un budget de défense en augmentation. La politique ultra conservatrice et nationaliste de Sanae Takaichi lui vaut d’être comparée à l’ancienne Première ministre britannique Margaret Thatcher, à laquelle elle s’identifie elle-même.
Mais cela lui a valu les critiques du parti centriste et bouddhiste Komeito. Les membres de ce dernier ont annoncé, ce vendredi 10 octobre, ne pas reconduire la coalition avec le Parti libéral-démocrate, dans laquelle ils sont engagés depuis 1999. La raison ? La politique budgétaire de la candidate. Davantage conservatrice que ses prédécesseurs, la nouvelle présidente du Parti libéral-démocrate n’adhérait pas pleinement à un meilleur encadrement des financements politiques.
Sanae Takaichi deviendra-t-elle la première femme à accéder au poste de Première ministre au Japon ? Si son avenir est moins certain qu’au début du mois d’octobre, ses chances de remporter le vote d’investiture et de devenir Première ministre restent grandes, bien que cela ne laisse pas espérer davantage d’égalité dans le pays.
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