En glorifiant quelques papas solos ayant eu recours à la GPA, un article du Parisien banalise cette pratique. Et éclipse la question de l’exploitation du corps des femmes.
Jeudi 6 novembre, le quotidien Le Parisien affiche un titre qui claque : « ils ont fait un bébé tous seuls ». Un clin d’œil appuyé à une célèbre chanson de Jean-Jacques Goldman et un article qui banalise une nouvelle fois la gestation pour autrui (GPA).
Aucune « actu » ne justifie de faire un tel article. Aucune étude, aucune statistique n’indique qu’il s’agit d’une nouvelle tendance. Juste la glorification de quelques hommes ayant eu recours à la GPA tout en choisissant de vivre seuls avec l’enfant.
L’article signale entre parenthèses que la GPA est interdite en France mais balaie le sujet et les raisons pour lesquelles cette pratique est interdite en claironnant que l’enfant du premier témoin a été conçu par GPA au Mexique.
« Effacées du débat »
Certain.es ont préféré réagir avec un humour désespéré comme @mauvaiscoton sur X : « « tout seuls » ? Vraiment ? On surestime beaucoup trop ces petites formalités que sont grossesse et accouchement » Ou Olivia Maurel qui rit encore plus jaune. Elle se présente sur le réseau social comme « née par Gestation pour autrui, luttant pour l’abolition de la GPA ». Elle commente l’article du Parisien : « Impressionnant. On attend la photo du moment où ils l’ont porté et accouché. Ben non, un virement bancaire et hop, ils ont acheté un bébé. De la propagande dans nos médias comme on a l’habitude »
Gabrielle Siry-Houari, autrice et maire adjointe Paris 18è ne rit pas du tout « la romantisation de la GPA continue. Non, ils n’ont pas fait un bébé « tout seuls » c’est une femme qui les a portés et qui est ici complètement effacée du débat. » Elle ne cese de répéter et de démontrer que la GPA ethique n’existe pas.
Cet article est vu comme une nouvelle manœuvre pour banaliser la GPA. Car, bien sûr, les voix des féministes qui disent non à la GPA sont bien moins audibles qu’un article dans un journal puissant comme le Parisien. Bien moins audibles que les commentaires de l’extrême droite qui s’oppose à la GPA… mais pas pour les mêmes raisons que les féministes. Hostilité aux homosexuels pour l’extrême droite, refus de la marchandisation du corps des femmes pour les féministes.
« violation sérieuse des droits humains »
Il y a quelques semaines, fin août, c’était Gabriel Attal qui lançait le sujet.
Lire : GPA : Gabriel Attal relance une polémique
L’extrême droite a alors poussé des cris d’orfraies. Et, en réaction, certains journaux de gauche ont, du coup, fait passer les pro-GPA pour des « progressistes ». Et c’est ainsi que les droits des femmes sont régulièrement éclipsés.
Rappelons que les Nations-Unis considèrent que la GPA est une exploitation des femmes qui constitue une violence envers elles et les enfants. Et qu’elle est qualifiée de « violation sérieuse des droits humains ». C’est aussi un marché très lucratif (pas pour les femmes qui mettent leur ventre à disposition mais pour beaucoup d’autres).

