La part de réalisatrices dans le cinéma français repart à la baisse. Résultat de l’insoutenable légèreté des politiques d’égalité. Le méprisant « bonus parité » prouve son inefficacité.
Les derniers chiffres de l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes du Centre national du cinéma (CNC) renvoient les femmes dans le continent noir du 7ème art. La part de réalisatrices dans le cinéma français repart à la baisse. En 2024, elles représentent moins du quart (24,2 %) de toute la production cinématographique française de l’année. C’est la proportion la plus basse depuis 2019 après une légère augmentation puis une décrue amorcée en 2022. La proportion de femmes réalisatrices n’a jamais atteint 30%.
Des équipes toujours très masculines
Sur les films à gros budget, les réalisatrices se font quasiment invisibles. Les œuvres ambitieuses, celles qui structurent les carrières et façonnent l’industrie, restent massivement confiées à des réalisateurs.
Le repli s’accompagne d’une baisse de la présence de femmes sur les films d’initiative française (FIF) agréés, au plus bas depuis 2019 : moins de cheffes de poste, moins de réalisatrices, moins de films portés par des femmes.
Dans près de 70 % des projets, cinéma et audiovisuel confondus, les postes clés restent attribués majoritairement à des hommes. Et près de 10 % des films de cinéma confient l’ensemble de ces postes uniquement à des hommes.
Le bonus parité montre ses limites
Cette tendance à la baisse tranche avec les discours d’engagement affichés dans la filière et interroge sur les mécanismes censés favoriser l’égalité.
La proportion de films éligibles au « bonus parité » recule. Ce dispositif hypocrite mis en place comme un lot de consolation quand les féministes demandaient une éga-conditionalité des aides publiques montre clairement ses limites. Le monde du cinéma a préfèré récompenser ceux qui font de minuscules efforts pour s’ouvrir aux femmes au lieu de pénaliser ceux qui les discriminent… Et, bien-sûr ça ne marche pas !
Audiovisuel : c’est mieux !
Le contraste avec l’audiovisuel est frappant. Là, les femmes signent une part record d’œuvres aidées en 2024. Elles sont signé 44,1 % des programmes (hors feuilletons et formats courts de fiction) et en ont réalisé 40,5 %. Et ce n’est pas dû au hasard. Les diffuseurs publics ont mené d’intenses politiques en intégrant des critères d’égalité dans leurs appels à projets.
Mais sur grand écran, faute de volonté, faute de mécanismes contraignants, faute de vigilance sur les budgets, les financements, les comités de sélection… les anciennes habitudes reprennent le dessus.
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