Neuf femmes donnent leur nom aux futures stations du tramway parisien. Et ce n’a pas été si simple d’en arriver là.
Quel est le point commun entre Maryse Bastié, Alexandra David-Néel, Marie de Miribel, Séverine, Adrienne Bolland, Delphine Seyrig, Ella Fitzgerald, Rosa Parks et Colette Besson ?
Chacune de ces neuf femmes, à sa façon, a contribué à changer l’Histoire. Et chacune donne son nom à une station du prolongement de la ligne T3 du tramway qui sera mis en service en décembre au nord de Paris. Et leurs vies, leurs engagements, sont rappelés dans une exposition, ouverte jusqu’au 26 septembre à la mairie du 18ème arrondissement de Paris (elle circulera ensuite dans les autres mairies des arrondissements concernés).
Colette Besson ou Fillettes ?
Annick Lepetit, alors adjointe aux transports de la mairie de Paris (elle a cédé ce poste après avoir été élue députée en juin), souligne qu’il aura fallu « plus d’un an de combat » au sein du comité de pilotage du T3 pour imposer ces noms de femmes. « Mais si on ne l’avait pas fait là, quand l’aurions nous fait ? », s’interroge l’élue. Exemple de réticences : il a fallu batailler pour imposer la station « Adrienne Bolland » plutôt qu’« Aviatrice ».
Dans la même veine, la station Colette Besson a failli s’appeler « Fillettes », car un stade tout proche porte ce nom… et « Fillettes, après tout, c’est un nom féminin » : voilà l’argument qui a été objecté, rapporte Annick Lepetit. Finalement, c’est le stade qui sera débaptisé pour prendre lui aussi le nom de Colette Besson.
2,5% de noms de femmes
Neuf noms féminins contre un nom masculin sur 26 nouvelles stations (les autres auront des noms géographiques) : de quoi compenser, un peu, l’imposant déséquilibre qui prévaut. Sur les 301 stations de métro parisiennes, seules 3 portent le nom d’une femme. Et Louise Michel est même la seule à ne pas partager avec un homme.
Pour ce qui est des rues de Paris, elles sont 4 000 à porter des noms masculins contre seulement 200 des noms féminins, selon l’historienne Malka Marcovich. Un diagnostic réalisé par la mairie de Paris donne une proportion similaire : seuls 2,5% des rues et des espaces publics de la capitale portent des noms de femmes. « On a commencé à remonter, un peu, la pente », se félicite Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris. Mais pas question, sauf exceptions, de débaptiser des lieux existants. Le rééquilibrage ne peut être que très lent, en s’appuyant sur les nouveaux espaces. Le nouvel adjoint aux transports, Julien Bargeto, promet de « reprendre le flambeau » d’Annick Lepetit pour « imposer des noms de femmes dans l’espace public ».
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