Si l’Inde a ouvert les yeux sur les violences sexuelles à l’encontre des femmes après le viol collectif de Delhi, le pays est confronté à un autre phénomène inquiétant : les abus sexuels sur les enfants.
« Ma fille répétait sans cesse qu’elle avait été violée. Mais la police nous a intimé l’ordre de ne pas en parler. D’enterrer l’affaire. Quand j’ai refusé, des policiers m’ont frappé à plusieurs reprises. » Voici l’un des témoignages publiés par Human Rights Watch (HRW) dans son rapport de 82 pages, intitulé « Briser le silence » et publié jeudi 7 février (ici en anglais).
Les abus sexuels sur les enfants au sein des familles, des écoles ou des foyers pour enfants sont « terriblement répandus », s’inquiète l’ONG qui déplore le manque de réponses adaptées des autorités. Human Rights Watch note que le comité Verma, chargé de proposer des réformes judiciaires suite au viol de Delhi, a jugé que les mécanismes de protection de l’enfance « ont clairement échoué à remplir les objectifs fixés ».
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Les autorités indiennes ont certes déjà conscience de ce phénomène : en 2007, une enquête menée auprès de 12 500 enfants dans 13 États du pays concluait que plus de la moitié d’entre eux avaient été victimes d’abus sexuels. En 2012 l’Inde a adopté une loi sur la Protection des Enfants. Elle fait de toute forme d’agression sexuelle sur un enfant un crime.
Appliquer la loi
Mais Human Rights Watch souligne qu’il reste encore au gouvernement à « assurer l’application stricte de cette loi ». Et notamment faire en sorte que les autorités – police, justice, personnels des établissements accueillant des enfants « puissent répondre de manière adéquate aux témoignages d’abus sexuels ».
Car à l’heure actuelle, note le rapport « de nombreux enfants sont maltraités une seconde fois en subissant des examens médicaux traumatisants, et du fait que les autorités ne veulent pas écouter, ou croire, leur témoignage ».
Un effort tout particulier doit être porté sur les institutions accueillant des orphelins ou des enfants en difficulté. Car selon les rapport de HRW – et également celui du comité Verma – nombre de ces établissements ferment les yeux sur les agressions sexuelles. « C’est choquant », témoigne Vinod Tokoo, de la Commission Nationale pour la protection des droits de l’enfant. « Ces institutions qui sont justement censées protéger les enfants les plus vulnérables leur font subir les pires risques d’abus sexuels ».