L’un des vecteurs d’égalité entre les filles et les garçons dans les crèches, c’est d’y voir davantage de personnel masculin. Et il faut pour cela une politique délibérée des pouvoirs publics, souligne le dernier raport de l’IGAS.
Dans les métiers de la petite enfance, il faut chercher les hommes. Ils occupent en moyenne 1% des effectifs dans les établissements d’accueil du jeune enfant. Dans leur rapport consacré à « l’égalité entre les filles et les garçons dans les modes d’accueil de la petite enfance », les inspecteurs des affaires sociales Brigitte Grésy et Philippe Georges font 15 recommandations pour favoriser l’égalité entre les filles et les garçons dès le plus jeune âge (Voir : Inégaux dès le berceau). L’une d’elles : renforcer la présence de professionnels masculins dans les métiers de la petite enfance. Cela « apparaît une nécessité pour déconstruire la division sexuelle des tâches et des activités ».
Un quota pour les hommes ?
L’idée n’est pas nouvelle. En 2003, déjà, un rapport sur les métiers de la petite enfance remis au ministre de la Famille notait : « la faible mixité dans les métiers de la petite enfance restreint les potentialités de recrutement dans ce secteur et ne permet pas d’offrir aux enfants les références masculines dont ils ont besoin. » Ses auteurs avançaient cet objectif : « atteindre 10 % d’hommes inscrits dans les écoles de formation aux métiers de la petite enfance, à un horizon de cinq ans. » Dix ans plus tard, les chiffres n’ont pas évolué. Ils sont toujours moins de 2% dans les établissements de formation.
Pour Brigitte Grésy et Philippe Georges, pas de doute : rendre ces métiers plus masculins ne peut que passer par une « politique délibérée » des pouvoirs publics. Comment ? L’une des 15 propositions de leur rapport est la création d’une « mission nationale de promotion de l’emploi masculin dans les métiers de la petite enfance ». Il aurait notamment la charge d’examiner, dans un délai d’un an, « la pertinence de lancer des mesures d’action positive ». Exemple : réserver aux hommes, dans les concours d’entrée aux écoles de formation aux métiers de la petite enfance, un quota de places, par exemple 5%.
Ils sont 10% en Norvège
Quelques pays européens se sont déjà montrés volontaristes. En Allemagne, le ministère de la Famille invite les crèches à recruter davantage d’hommes. Entre 2002 et 2011, leur part dans le personnel encadrant les jeunes enfants est passé de 2,5 à 3,8%.
Le modèle reste la Norvège. Déjà en pointe sur les quotas pour les femmes dans les conseils d’administration, Oslo a également pris dès les années 1990 des mesures pour que davantage d’hommes travaillent dans les ‘kindergarten’. Résultat : en 2010, la part des hommes dans le personnel des crèches avait doublé pour atteindre 10%. C’est certes deux fois moins que l’objectif initial, mais c’est le meilleur pourcentage en Europe, soulignait le gouvernement norvégien l’an dernier en lançant son plan « Égalité 2014 ». Lequel garde en ligne de mire un objectif de 20% de personnel masculin.
Image piochée dans le plan Égalité du gouvernement norvégien