En fusionnant avec l’américain Omnicom, le français Publicis s’apprête à devenir le numéro 1 mondial de la publicité. C’est la vision de la presse française. Mais vu de l’étranger, pas de quoi crier cocorico. Tandis que la parité en vigueur chez Publicis risque d’en prendre un coup.
Le groupe français Publicis et le groupe U.S. Omnicom ont annoncé dimanche 28 juillet leur intention de fusionner, ce qui donnerait naissance au numéro 1 mondial de la publicité.
Cette annonce et son traitement sont en eux-mêmes un bel exemple de communication. Vu de France, c’est un coup d’éclat de Publicis, fleuron français. Il s’agira d’une fusion entre égaux, a assuré le patron du groupe français, Maurice Lévy. « Sur le papier, les deux groupes sont complémentaires centré pour l’un sur les États-Unis et pour l’autre sur l’Europe », confirment Les Echos.
Pour Le Monde, c’est même « Publicis, l’agence de « réclame » créée par Marcel Bleustein dans son minuscule appartement parisien du Faubourg-Montmartre en 1926, [qui] va devenir, quatre-vingt-sept ans plus tard, le numéro un mondial de la publicité. »
Mais vu de l’extérieur, c’est une autre affaire, moins cocardière. L’accord prévoit que les deux patrons actuels des deux groupes, Maurice Lévy pour Publicis et John Wren pour Omnicom, codirigeront l’ensemble pendant 30 mois. Mais ensuite Maurice Levy, 74 ans, cédera les commandes. Le New York Times s’interroge sur l’attitude qu’adoptera le gouvernement français, qui a à cœur de « protéger ses icônes entrepreneuriales de la domination étrangères ».
Le siège aux Pays-Bas
Autre élément de l’accord, resté très discret en France : le nouveau groupe aura son siège aux Pays-Bas. Les options du Luxembourg et de l’Irlande ont été écartées pour ne pas donner l’impression de fuir dans un paradis fiscal, note encore le New York Times. Mais les Pays-Bas, à défaut d’être un paradis, ont des airs de palace pour entreprises. Le taux d’imposition sur les sociétés y est de 25%, contre 33% en France et 40% aux États-Unis
Quant aux conséquences sociales de cette fusion, John Wren a annoncé que l’objectif n’était pas de supprimer des emplois. Mais la CGT a déjà fait savoir qu’elle craignait « pour les salariés des licenciements, des restructurations, des harmonisations par le bas ».
Adieu à la parité ?
Dernière question, pas encore abordée : quelle sera la composition des instances dirigeantes du groupe ? Le conseil de surveillance de Publicis, dirigé par Élisabeth Badinter, est un modèle de parité : 7 femmes, 7 hommes. Il s’agit même de la seule grande société française dans ce cas. Mais le board d’Omnicom ne compte que trois femmes sur 13 membres.
L’accord de fusion prévoit que le conseil d’administration du futur géant comporte 16 membres : Maurice Lévy et John Wren, ainsi que 14 membres provenant pour moitié de chacun des deux groupes. Autant dire que la parité en vigueur chez Publicis risque d’être mise à mal. Par ailleurs, les comités exécutifs des deux groupes sont aujourd’hui exclusivement masculins : 4 hommes sur 4 chez Publicis, 5 hommes sur 5 chez Omnicom.