« Nombre de psychologues, de psychiatres, ont démontré qu’il n’y a pas de relation entre célibat et pédophilie, mais beaucoup d’autres ont démontré, et m’ont dit récemment, qu’il y a une relation entre homosexualité et pédophilie. C’est la vérité, c’est le problème», a expliqué le cardinal Bertone au Chili.
L’Eglise est-elle à côté de la plaque ? Ou, plus subtilement, cherche-t-elle à embrouiller les degrés de lecture pour rendre le débat indigeste ?
Car si ce message, provenant du plus haut du Vatican, fait scandale, on ne peut pas dire qu’il soit isolé. Des minorités ouvertement homophobes, au sein de l’Eglise catholique, ont pris le parti depuis plusieurs jours déjà de lier le scandale des prêtres pédophiles à l’homosexualité. Une semaine avant la phrase-choc du deuxième personnage du Vatican, la très intégriste « Catholic league » états-unienne exploitait cette même idée. Sur des blogs, jusqu’en France, des voix s’élèvent pour affirmer que le cardinal Bertone évoque « une vérité qui dérange », et dégainent des « études » orientées censées établir que la pédophilie est plus courante chez les homosexuels…
Un choix de défense par l’offensive ; voilà qui ne va pas redorer le blason du Vatican auprès du plus grand nombre, mais permet à coup sûr de resserrer les rangs de sa frange la plus traditionnaliste.
Immaturité sexuelle des serviteurs de l’Eglise
Et tant pis pour l’ouverture d’esprit. Tant pis aussi pour les filles si le débat se focalise sur les garçons. Avant même ces propos du cardinal Bertone, Caroline Fourest s’interrogeait sur l’attitude de l’Eglise face à ces scandales, et se référait au documentaire d’Amy Berg, Délivrez-nous du mal. Dans ce film une ancienne victime d’un prêtre violeur en Californie évoque la réponse du cardinal qu’elle avait alerté : « Nous savions que tu étais abusée, mais tu étais une fille. Si tu avais été un garçon, ça aurait été scandaleux. »
« Et si l’Eglise acceptait enfin de se poser les bonnes questions ? » demande Caroline Fourest. « Le célibat, pas plus que l’homosexualité ou l’hétérosexualité, ne mène à la pédophilie. En revanche, ce célibat, associé à un discours confus et terriblement culpabilisateur sur la sexualité, favorise l’immaturité sexuelle des serviteurs de l’Eglise… Que l’on envoie ensuite au contact d’enfants. »