Le réseau social a censuré une photo de la célèbre sculpture danoise, la Petite Sirène, pour cause de nudité. Alpagué par l’ancienne ministre Mette Gjerskov, Facebook s’est finalement rétracté.
Facebook, symbole du puritanisme à l’extrême ? La liste d’œuvres d’art censurées pour cause de nudité par le réseau social est déjà longue. Sans parler du débat sur les images d’allaitement. Voici une nouvelle histoire pleine de rebondissements. Premier épisode, samedi 2 janvier : la sociale-démocrate danoise Mette Gjerskov, ancienne ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, publie un billet politique sur son blog hébergé par la chaîne TV2. En illustration : une photo de la célèbre sculpture de la Petite Sirène, dans le port de Copenhague.
Mette Gjerskov décide alors de partager son article sur Facebook, il est précisément 9h46 et jusque-là, aucun problème. Sauf que, quelques heures plus tard, vers 22h, Facebook décide de censurer le lien vers son blog. En cause : la nudité de la Petite Sirène. « Certains publics au sein de notre communauté mondiale peuvent être sensibles à ce type de contenu », explique le réseau social. Dans l’exposé des motifs, Facebook indique que le lien vers le blog viole les lignes directrices du règlement en raison de « photo de personnes dans des positions qui indiquent ou impliquent le sexe ou des images de nudité. Même si elle a des fins artistiques ou éducatives ».
Sauf que dans les clauses de Facebook, comme le souligne le site Arrêt sur Images, le réseau social autorise « les photographies, peintures, sculptures et autres formes artistiques dépeignant des nus ». Et ce n’est pas là la seule confusion : alors même qu’il décide de censurer la photo de la Petite Sirène, l’image apparaît toujours sur le post de Mette Gjerskov. Le lien d’origine vers le blog a en effet été retiré, mais pas la photo, pourtant au coeur de la censure.
Et l’ancienne ministre d’ironiser : « La Petite Sirène est tout simplement trop nue pour Facebook. Je ne peux pas faire de publicité pour mon blog parce que TV2 a choisi la sirène comme image. Je ne l’ai pas vu venir que notre trésor national serait classé au même niveau que la pornographie enfantine et autres abominations ».
Mette Gjerskov décide alors de faire appel de cette décision, comme le rapporte le journal danois The Local. Le lendemain, dimanche 3 janvier, le réseau social change finalement de cap et décide d’autoriser la publication de la Petite Sirène, image « inspirée du conte de Hans Christian Andersen ».
Dans le tabloïd danois Ekstra Bladet, qui a renommé pour l’occasion la sculpture « The dirty Little Mermaid » (La sale Petite Sirène), Mette Gjerskov rit jaune : « Il y a de quoi se taper sur les cuisses devant ce fonctionnement ridicule. Mais les gens qui ne se contentent pas de prendre cela comme une grosse blague devraient aussi interpeller Facebook ». Pour elle, il est désormais temps d’apporter une réponse politique à la politique de Facebook.
L’histoire aurait pu s’arrêter là mais c’était sans compter un nouveau rebondissement. Après la levée de la censure de Facebook, l’ancienne ministre décide de partager une nouvelle fois son article sur le réseau social mais patatras… ce n’est plus l’image de la Petite Sirène qui illustre l’article sur son blog, mais celle du drapeau danois.
Entre temps, la chaîne TV2 a en effet découvert que la photo de la Petite Sirène n’était pas libre de droits. « TV2 a supprimé la Petite Sirène de mon blog car elle risque une grosse facture en raison du droit d’auteur. Apparemment, on ne peut pas publier des photos de notre trésor national sans un paiement aux héritiers de l’artiste. Voilà ce que dit la loi, approuvée par le Parlement », s’indigne Mette Gjerskov sur Facebook. La loi sur le copyright stipule en effet que les photos de l’oeuvre ne peuvent être utilisées à des fins commerciales.
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