La journaliste colombienne est la lauréate du prix Anna Politkovskaya. Jineth Bedoya Lima a lancé en 2009 la campagne “No Es Hora De Callar” pour donner de la voix aux victimes de violences sexuelles.
La journaliste colombienne Jineth Bedoya Lima s’est vue décerner, jeudi 6 octobre, le prix Anna Politkovskaya 2016 décerné par l’organisation RAW in WAR (Reach All Women in WAR). Journaliste au quotidien El Tiempo et militante des droits humains, Jineth Bedoya Lima est distinguée pour son “courage à témoigner et à donner de la voix aux plus de 13 000 femmes en Colombie qui (…) ont subi des violences sexuelles de la part de groupes armés” durant les 52 ans de guerre civile dans le pays.
Jineth Bedoya Lima est elle-même une survivante. En 2000, au cours d’une enquête sur des groupes paramilitaires, elle a été enlevée, torturée et violée durant plusieurs jours. En 2009, elle a choisi de témoigner et de lancer la campagne “No Es Hora De Callar” (“Il n’est plus l’heure de se taire”), une campagne pour réclamer justice pour ces milliers de femmes violées et victimes de violences sexuelles.
Le prix a été créé en hommage à la journaliste russe Anna Politkovskaya. Le 7 octobre 2016, cela fera 10 ans qu’elle a été assassinée. Jineth Bedoya Lima lui a rendu hommage en recevant cette distinction :
“Alors que je reçois le prix Anna Politkovskaya, 52 ans de guerre touchent à leur fin dans mon pays. Les balles qui l’ont tuée sont les mêmes que celles qui ont pris la vie de plus de 200 000 Colombien.ne.s : le business de la guerre ne contamine pas seulement les âmes de ceux qui en profitent, il rend aussi la société plus dure et intolérante. L’héritage de femmes comme Anna est de ne pas permettre que cela se reproduise sans fin”.
En Colombie, le gouvernement et la rébellion des FARC sont parvenus à un accord de paix, fin août, au terme d’un processus exemplaire, en particulier quant à la prise en compte des questions de genre. L’accord souligne notamment que les violences sexuelles, entre autres crimes, ne pourront faire l’objet d’une amnistie.
La marche vers la paix n’est toutefois pas encore assurée, après qu’une courte majorité de Colombien.ne.s ont rejeté l’accord par référendum, dimanche 2 octobre… et selon la correspondante du Monde en Colombie, la peur de “l’idéologie du genre” agitée par les mouvements conservateurs et religieux oppsoés à l’accord de paix pourrait avoir influé sur le résultat.
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