
Palais de l’Elysée, 1983. ParOliBac sur Flickr (CC BY 2.0)
En politique, comme en économie, les femmes sont encore peu nombreuses à diriger. Elles ont appris une forme d’auto-censure, ils ont appris à occuper la place.
Combien de candidates à la primaire de la gauche ? A la veille de la clôture du dépôt des candidatures, au milieu d’une foultitude d’hommes, seule Sylvia Pinel s’est lancée, mais avec des chances de gagner quasiment inexistantes. En proportion, c’est encore moins bien que la primaire de la droite qui comptait Nathalie Kosciusko-Morizet parmi six autres candidats masculins.
Côté gouvernance d’entreprises, à l’approche de l’obligation légale de compter 40% de femmes dans les Conseils d’administration des grandes entreprises, beaucoup sont très loin du compte et méprisent le sujet au point d’ignorer que les sanctions ne sont pas simplement financières (sanctions qui ont d’ailleurs fait l’objet de batailles homériques lors de l’examen de la loi) .
Malgré les lois et les discours sur la parité, on avance peu. En renonçant à la primaire du PS, Marie-Noëlle Lienemann déclarait qu’elle ne voulait pas participer « à cette espèce de bal des égos ». Bal des égos ou culture du pouvoir masculine, virile ? Pour accéder au pouvoir, il faut avoir travaillé sa visibilité, sa notoriété et ses soutiens pendant des années. Cela veut dire avoir eu les bonnes places, les plus exposées, avoir pris la parole le plus souvent possible, de préférence sous forme de coup d’éclat, pour être vu, entendu et rendre ainsi sa candidature évidente. C’est une culture masculine, virile, que les filles n’apprennent pas.
Princesses en embuscade au pied du sapin
En jouant à la guerre, aux petits soldats, à des compétitions en tout genre ; en s’identifiant à des aventuriers, à des héros sportifs et à la pléthore de dirigeants masculins, les petits garçons intègrent très tôt cette culture du pouvoir. Pendant ce temps, les filles apprennent le complexe de Cendrillon. Belles, dévouées aux autres, attendant le bon-vouloir du prince, elles ne cultivent pas cette capacité à dire à la face du monde qu’elles sont des personnes importantes et en capacité de diriger. Et cette culture différenciée du masculin et du féminin se poursuit bien au-delà de la petite enfance. Les héroïnes qui leur sont proposées comme modèles ne sont pas des femmes de pouvoir. À l’approche de Noël, le nombre de princesses en embuscade au pied du sapin fait peur !
Quand les femmes n’adoptent pas le comportement effacé qu’on attend d’elles, beaucoup d’hommes leur prêtent tout de même ce comportement et ne les voient pas. Arnaud Montebourg en a donné un criant exemple il y a peu. Et les patrons qui prétendent ne pas voir de femmes susceptibles d’entrer dans leur Conseil d’administration font preuve du même aveuglement, ainsi que le rappelle Lucille Desjonquères.
Tant que les femmes ne se débarrasseront pas du complexe de Cendrillon, tant que les hommes ne voudront pas partager le pouvoir avec elles, nous vivrons dans des démocraties incomplètes.
