Le comité polonais Ratujmy Kobiety a reçu le prix Simone-de-Beauvoir 2017. La récompense d’une mobilisation efficace, mais aussi le rappel que rien n’est acquis quant au droit à l’avortement.
La lutte des femmes polonaises pour le droit à l’avortement a fait la une de l’actualité en octobre dernier. Et elle trouve encore des échos en France : une des organisations ayant mené cette lutte, le comité polonais Ratujmy Kobiety, s’est vu remettre, lundi 9 janvier, le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes.
Ratujmy Kobiety (« Sauvons les femmes ») est l’une des organisations ayant initié les « grèves en noir » d’octobre 2016, des protestations de masse qui ont poussé le gouvernement polonais à retirer un projet de loi particulièrement restrictif sur l’IVG. Ce prix 2017 entend ainsi saluer « un modèle d’action démocratique d’une société civile », tout en mettant en garde : ce succès est « provisoire ». Le PiS, parti conservateur au pouvoir, n’a pas dit son dernier mot.
Voir : Grève des femmes en Pologne : deuxième round pour défendre le droit à l’avortement
De quoi garder en mémoire ces mots fameux de Simone de Beauvoir :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Ce n’est d’ailleurs pas qu’en Pologne que pèsent les menaces sur le droit des femmes à l’avortement. Le jury du prix Simone-de-Beauvoir rappelle que « durant sa campagne, le nouveau président des États-Unis, Donald Trump, s’est engagé à nommer des juges conservateurs à la Cour suprême pour pouvoir abolir le droit fédéral de mettre fin à une grossesse ».
Lire : Le droit à l’avortement sous la menace de Trump
Le jury souligne qu’en Europe aussi, « où prévaut la libéralisation, quelques pays continuent cependant de la soumettre à des conditions très restrictives ». Outre la Pologne, c’est notamment de cas de l’Irlande et de l’île de Malte.
Cette année 2017 marque la 10ème édition de ce prix, remis chaque année le 9 janvier, jour anniversaire de Simone de Beauvoir. Elle aurait eu 109 ans cette année.
En 2016, le prix Simone-de-Beauvoir récompensait Giusi Nicolini, la maire de l’île italienne de Lampedusa et militante pour les droits des migrants. Elle succédait au National Museum of Women in the Arts de Washington, à Taslima Nasreen, à l’historienne Michelle Perrot, ou encore à Malala Yousafzai en 2013, Prix Nobel de la paix 2014.