Après les lois, le « name and shame ». La secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes a convié les cancres en égalité professionnelle à une séance de sensibilisation… et balancé les noms des absents. De quoi les faire bouger ?
Après au moins six lois en faveur de l’égalité professionnelle depuis les années 1970, le compte n’y est toujours pas, loin de là. Entre les inégalités salariales et la rareté des femmes au sommet des entreprises, la marge de progrès est considérable. Alors que faire ? Jouer sur l’image de ces entreprises. Montrer du doigt les pires pour les aiguillonner toutes et interpeller celles qui discriminent sans vergogne. C’est ce que tente la secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, qui parle de « name and shame » (nommer pour faire honte) et veut surtout, dit-elle, du « name and change » (nommer pour changer).
Mardi 12 septembre étaient conviées avec une lourde insistance les 10 dernières du palmarès annuel Ethics&Boards de la féminisation des grandes entreprises. Marlène Schiappa avait prévenu : elle afficherait les noms de celles qui ne pointeraient pas leur nez. Dont acte : sur la porte du secrétariat d’État sont affichés les noms de Sartorius Stedim Biotech (équipements et services dans les biotechs) et Maurel & Prom (extraction pétrolière).
Certes, le palmarès porte seulement sur les entreprises du SBF120 (les 120 plus grosses cotées en bourse) et ne prend en compte que la féminisation de leurs instances dirigeantes ; les entreprises présentes ont bien fait remarquer que ce n’était pas tout à fait juste, ce que reconnait la ministre. Mais il faut bien se donner quelques repères. Ce palmarès a démarré en 2013 et dès sa première édition, il mettait l’accent sur « l’ampleur des progrès à accomplir » : 50 % des entreprises n’avaient pas la moyenne. Depuis, quelques progrès mais pas encore de quoi crier victoire (Voir nos articles ci-dessous).
Alors pour aider les entreprises à progresser, des conseiller.e.s sont venu.e.s porter la bonne parole aux côtés de la ministre. Parmi eux, des représentants des entreprises les mieux classées comme L’Oréal, Carrefour ou encore Gecina (n°1 en 2016), la consultante en innovation sociale Marie Donzel ou encore Brigitte Gresy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle.
Deux messages principaux à retenir : d’une, l’égalité professionnelle ne se fait pas toute seule, il faut entreprendre des actions volontaristes. De deux, attention à l’inconscient sexiste : en se conformant à des stéréotypes, les managers et les femmes elles-mêmes laissent perdurer les inégalités.
Côté méthode : revoir sa politique salariale en s’assurant de l’égalité des salaires à travail égal ; revoir ou voir la question de la conciliation vie professionnelle et vie personnelle, revoir la « gestion des talents » en modifiant des procès RH – comme imposer qu’il y ait des candidatures de femmes avant de procéder à une nomination.
Les méthodes sont aujourd’hui connues (Les Nouvelles NEWS proposent aussi des formations, voir ici). Reste à les appliquer. Encore faut-il, pour que les entreprises s’y mettent, qu’elles se laissent gagner par la vergogne et soient persuadées que le bonnet d’âne en égalité professionnelle est mauvais pour leur image.
Lire aussi dans Les Nouvelles NEWS tous nos articles sur le palmarès
en 2013 : Égalité femmes/hommes : 5 entreprises sur 6 n’ont pas la moyenne
en 2014 : Féminisation : les grandes entreprises progressent à petits pas
en 2015 : Féminisation des grandes entreprises : des progrès sensibles
en 2016 : Palmarès de la parité : une grande entreprise sur trois a la moyenne