Après les critiques sur leur une consacrée à Cantat, les Inrocks prétendent déconstruire la domination masculine alors qu’ils en consolident les fondations.
En conclusion d’un billet faussement contrit publié mardi 17 octobre, Les Inrocks prétendent vouloir « relayer les idées féministes comme cela a toujours été le cas ». Le magazine réclame même un bon point pour son traitement de l’affaire Weinstein et se flatte de « faire chaque jour le travail de déconstruction d’une domination masculine qui écrase les femmes ». Pardon ?
Il y a une semaine, Les Inrocks offraient leur une à Bertrand Cantat, le meurtrier de Marie Trintignant. Alors que les féministes exprimaient leur écœurement, les soutiens de Cantat et des Inrocks brandissaient le droit de celui qui a payé, purgé sa peine, à retrouver une vie normale de star.
C’est cela, déconstruire la domination masculine ? Conserver un statut de héros, de modèle, de star à un meurtrier ? Offrir toute visibilité dans les médias à des types qui incarnent la domination masculine ?
Notons au passage qu’il faut être sacrément joufflu pour prétendre déconstruire la domination masculine quand on ne semble envisager le sexe que sous un seul angle. En août dernier, alors que le magazine publiait son traditionnel numéro estival consacré au sexe, avec une femme nue en une, Acrimed ressortait la douzaine de couvertures des éditions précédentes : presque uniquement des femmes ou des morceaux de femmes présentées comme prêtes à consommer par les hommes.
Notons aussi que le billet d’excuses s’adresse aux « lecteurs »… Pas convertis à l’écriture inclusive, les féministes auto-proclamés.
Si Les Inrocks ne parlaient que des films passant le test de Bechdel, si Les Inrocks mettaient en valeur autant d’artistes, d’auteures femmes que d’hommes, ils pourraient se féliciter de déconstruire la domination masculine. Mais jusqu’ici, ils n’ont fait que participer à en consolider les fondations, comme la plupart des médias riches et influents.