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Des agissements sexistes au harcèlement sexuel : l’Intersyndicale nationale des Internes dresse un constat accablant du sexisme en médecine et réclame une réaction » concrète » des institutions.
« Aboutir à une prise de conscience de la communauté médicale et à des mesures concrètes contre le sexisme dans le monde médical » : c’était l’objectif affiché d’une vaste étude menée par l’ISNI, Intersyndicale nationale des Internes. Début septembre, elle avait adressé un questionnaire en ligne à 30.000 internes en France. Vendredi 17 novembre, l’ISNI vient d’en publier les résultats, après avoir analysé les réponses de près de 3 000 internes – dont 75% de femmes.
Il ne s’agit certes là que d’une vision partielle, non représentative, de la situation. Mais elle dresse un tableau édifiant. Parmi les personnes répondantes, 6,6% déclarent avec été victimes de harcèlement sexuel, au sens défini par la loi – et seulement 0,15% ont engagé des poursuites judiciaires. Par ailleurs, 2% disent avoir subi fréquemment ou très fréquemment des gestes déplacés, sans les qualifier de harcèlement.
Au-delà de ces faits, « près d’un tiers des internes a été au moins une fois exposé à des attitudes sexuelles non désirées », souligne l’ISNI, en notant que « près de la moitié des actes ont été commis par des médecins supérieurs hiérarchiques ». Les agissements sexistes ont lieu « à l’hôpital, en particulier au bloc opératoire, lors de visites de service, mais aussi lors de cours à la faculté ».
Pour l’ISNI, « cette ambiance quotidienne tend à banaliser le sexisme » et a une autre conséquence : « la difficulté d’accès à des postes à responsabilité pour des femmes ». Le syndicat en appelle aux institutions qui « doivent mesurer l’ampleur de la situation actuelle et réagir de façon rapide, concrète et efficace ».
Le constat n’est pas franchement nouveau. « Il faut commencer à s’interroger sur les blagues de cul permanentes que subissent les internes, pour comprendre que ce n’est pas normal, qu’il y a un problème », avertissait par exemple l’ancienne directrice d’hôpital Clara de Bort dans Les Nouvelles NEWS au printemps 2016.
Voir : Sexisme en médecine : “Il faut des solutions institutionnelles”
Plusieurs organismes concernés ont déjà réagi – mais pas encore concrètement – aux résultats de cette enquête de l’ISNI. « Le sexisme ne saurait être ni accepté ni toléré à l’université comme à l’hôpital, le harcèlement doit être sanctionné et toute omerta doit être brisée ! », écrivent dans un communiqué la Fédération Hospitalière de France (FHF) et la Conférence des Présidents d’Université (CPU). Elles assurent qu’elles « porteront conjointement des actions pour garantir des conditions de formation et de travail prévenant les étudiants et les professionnels de santé, médicaux et paramédicaux de tout sexisme. »
