Une nouvelle étude montre que les hommes et les femmes cadres n’ont pas la même perception des inégalités de carrière. Mais sont d’accord pour rendre le congé de paternité obligatoire.
Pour un écart de perception, c’est un grand écart : près de deux hommes cadres sur trois pensent que les salaires sont égaux entre hommes et femmes dans leur entreprise. Mais seulement 20% des femmes partagent cet avis. A la question « les postes à responsabilité sont-ils paritairement distribués ? » 59% des hommes répondent « tout à fait » (22 %) ou « plutôt » (37 %). Tandis que les femmes répondent l’inverse, à 67 % (plutôt pas 36 % et pas du tout 31 %). Deux femmes sur trois se sentent pénalisées.
Ces chiffres sont tirés d’une étude réalisée par le site de recrutement Cadreo, entre les 15 et 29 mars derniers via un questionnaire en ligne auprès d’un échantillon de 814 cadres en activité.
Un échantillon certes petit, mais qui confirme des écarts de perceptions déjà observés. Et ces écarts persistent malgré une information un peu plus abondante sur les inégalités professionnelles quelques jours avant l’enquête, à l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes le 8 mars,
Voir Direction d’entreprise : les femmes disent oui, ils entendent non
et Quand ils disent non…
Près de 7 femmes cadres sur 10 se sentent pénalisées professionnellement. Outre la question du salaire (75 % s’estiment moins bien payées qu’un homme à travail égal), elles se sentent « moins écoutée » (57%), et pensent qu’elles obtiennent « de plus rares promotions » (51%) ainsi qu’une moindre mobilité professionnelle (19%).
Mais ce n’est pas tout. La maternité est un facteur discriminant. Elles ne sont que 19 % à ne pas exprimer de craintes anticipant le moment où elles seront enceintes. Près de 70 % appréhendent un coup de frein à leur carrière en cas de grossesse et 37 % se méfient de la réaction de leur supérieur.
Chat échaudé craint l’eau chaude : parmi les répondantes déjà mamans, presque la moitié (49%) a « perçu un changement de regard de la part de leur entourage professionnel », de la hiérarchie dans 89 % des cas. Et pour 43% d’entre elles, les rapports avec la direction se sont détériorés dès l’annonce de leur grossesse. Le périmètre de leur poste s’est aussi détérioré pour près de 20 % d’entre elles.
En revanche sur le congé paternité hommes et femmes tombent d’accord. 73 % des femmes et 71 % des hommes souhaitent qu’il devienne obligatoire… Ce serait en effet un premier pas pour mettre les hommes et les femmes à égalité devant les managers hostiles à la gestion des congés liés à la parentalité. Mais le sujet avance très lentement
voir Congé paternité allongé ? Le gouvernement s’interroge
Même si quelques entreprises prennent les devants :
Voir Congé paternité allongé : des entreprises pionnières
Reste que l’aveuglement des cadres hommes sur les inégalités professionnelles est d’autant plus incompréhensible que, plus on monte dans la hiérarchie des entreprises, plus les écarts de rémunération s’élèvent aussi. Ces différences commencent à baisser légèrement mais c’est récent.
Voir : Tout doucement, les écarts de salaires hommes/femmes se réduisent
